À l’aube de la fermeture du pont Louis-Joseph Tremblay à Ferland-et-Boileau, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, seuls les véhicules hors routes et les piétons peuvent maintenant s’y aventurer, et ce depuis 11h00 mercredi matin.
La structure est très endommagée et les solutions pour la réparer sont coûteuses et compliquées.
Circuler en voiture sur le pont Louis-Joseph-Tremblay à Ferland-et-Boilleau est désormais interdit. Seuls les piétons et véhicules hors route de 750 kg et moins pourront l'emprunter jusqu'au 1er mai.
«À partir du 1er mai, c'est une fermeture complète et pour l'instant on n'a pas de solution de rechange», a admis le maire de la municipalité, Hervé Simard.
Les citoyens ont appris la nouvelle hier soir, vers 19h. Certains ont choisi de quitter et ont eu moins de 24 heures pour le faire. Pour ceux qui restent, c’est toute une logistique qui s’impose.
«Au mois de mai, je déménage. Comment je vais faire pour déménager tous mes meubles si au mois de mai c'est fermé ?», s’est inquiété Alexandre André.
«Ça veut dire plus de services d'urgence, plus de livraison de propane, c'est comme nous couper les deux jambes», a déploré Frank St-Germain, un résident permanent.

Un pont en décomposition
La municipalité a pris la décision rapide de fermer le pont sous les recommandations du ministère des Transports et de la mobilité durable (MTMD), qui a procédé à l’analyse de la structure à la demande du ministère de la Sécurité publique.
«Lors du dépôt du rapport préliminaire lundi, les conclusions étaient assez claires. Le pont est en détérioration importante. Du côté du pilier central, c'est de la pourriture généralisée. Il y a également les poutres en acier qui sont décentralisées. Dans les faits, le pont ne supporte plus son propre poids», a expliqué Nathalie Girard, responsable des communications pour le MTMD.
«On n'avait pas le choix de prendre une décision pour la sécurité des citoyens de fermer le pont de façon drastique», a souligné le maire.
«Je comprends qu'il y a un enjeu de sécurité, mais disons qu'il y a des choses qui auraient pu être faites précédemment avant de nous annoncer ça à brûle pour point même pas 24h avant », s’est interrogée Diane Gagné, une résidente permanente du secteur.
«Ça fait quand même deux ans et demi qu'on travaille sur le dossier. Le maire, on lui a envoyé des photos, il n'y avait jamais de problème. C'est nous qui avons voulu une inspection du pont et ils l'ont fermé tout de suite», a mentionné M. St-Germain, qui préside l’association des résidents du km 97 de Ferland-et-Boilleau.

Une centaine de citoyens touchés
Près de 70 terrains se trouvent de l'autre côté du pont. Parmi eux, on compte 46 propriétaires de chalets et 15 résidences permanentes. Des citoyens ont demandé à la municipalité un dédommagement sur les taxes municipales, pour le manque d’accessibilité aux services. La municipalité analyse actuellement les demandes des citoyens.
«La problématique avec cette situation-là, selon les critères du gouvernement du Québec, c’est qu’on n'est pas dans un sinistre déclaré. C'est plus difficile d'accéder aux programmes pour l'instant», a fait savoir M. Simard.
«Nous c'est notre résidence principale. On a investi quand même 300 000 $ et on paie un montant faramineux en taxes municipales. On ne veut pas quitter notre propriété», a dit Mme Gagné.
«Je ne peux pas déménager parce que je n'ai pas de famille ici. Je ne veux pas laisser non plus ma maison toute seule, je ne veux pas me faire vandaliser», a ajouté M. St-Germain.
«Pour l'instant on laisse les véhicules de l'autre côté. Comme je vois, ils font des parkings mais ça ne sera jamais assez grand», a précisé M. André.

Qui paiera la facture?
La réparation n'est pas envisageable selon le maire. Il a mentionné que d’autres solutions sont envisagées. Mais qui paiera la facture?
«On a un budget de même pas un million par année, c'est une structure d'à peu près 650 000 ici, je ne peux pas imposer une taxe comme ça à mes citoyens. Les ministères sont conscients de ça et ils sont là pour nous aider», a indiqué M. Simard.
«La ville est quand même responsable de la gestion sur son territoire, la ville doit faire des plans. Il y a des règlements d'emprunt qui se font», a expliqué la ministre responsable de la région, Andrée Laforest.
Le maire est toutefois optimiste et assure avoir trouvé une solution
«Il faut juste l'implanter et attacher tous les ministères. Optimiste, début juin ce serait réglé. Plus pessimiste, ça va être à l'automne», a-t-il dit.
«Je suis perplexe. Moi, je vais le croire quand ce sera fait», a mentionné Diane Gagné.