Face à l’omniprésence des cônes orange dans la métropole, la Ville de Montréal souhaite serrer la vis aux entrepreneurs délinquants qui laissent traîner les panneaux et les cônes au centre-ville.
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C’est ce qui est principalement ressorti des solutions proposées jeudi matin par l’administration Plante lors de son Sommet sur les chantiers.
La Ville veut surtout réduire le temps de présence des cônes dans les rues. Elle comptait imposer aux constructeurs un délai de 12 heures avant et après leurs travaux pour mettre et retirer leur signalisation.
«La signalisation doit être là juste au début du chantier et il faut qu’elle s’enlève juste après. Pas trois semaines après, le lendemain du chantier», a insisté Luc Rabouin, responsable du développement économique et commercial au comité exécutif de la Ville.
Après discussions avec les entrepreneurs, il a finalement été décidé que ce délai serait de 24 heures.
«Douze heures, ça peut tomber dans la nuit, donc est-ce que les gens sont vraiment là toutes les heures du jour et de la nuit en fonction de quand a commencé le chantier? Vingt-quatre heures, ça laisse une latitude», a expliqué Émilie Thuillier, responsable des infrastructures au comité exécutif de la Ville.
Pour s’assurer de ce contrôle, la Ville va ajouter sept membres à son Escouade mobilité, qui sera désormais formée de 23 personnes.
- Benoit Dutrizac n'en peut plus des cônes oranges dans la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h via QUB radio :
Des amendes plus importantes
L’administration Plante veut aussi augmenter le montant des constats d’infraction émis par son Escouade mobilité. «On pense qu’il faut qu’il y ait de la réglementation et des pénalités plus fortes», a statué M. Rabouin.
Un entrepreneur pourrait ainsi recevoir une amende s’ils bloquent inutilement la rue.
La Ville n’a pas encore déterminé à quel point les amendes augmenteront. «Il faut qu’on discute de ce qui est acceptable pour les entrepreneurs, mais nous ce qu’on veut, c’est changer les comportements, donc ça va prendre des amendes plus élevées», a précisé l’élu.
Une limite doit cependant être mise en place pour ne pas dégoûter les entrepreneurs de venir effectuer des travaux à Montréal, croit Caroline Amireault, avocate et directrice générale de l’Association québécoise des entrepreneurs en infrastructure (AQEI).
«S’il y a trop de clauses abusives ou contraignantes, le marché va se désintéresser puis on va s’en aller ailleurs», a-t-elle mentionné.
Selon Glenn Castanheira, directeur général de la Société de développement commercial Montréal centre-ville, certains entrepreneurs sont prêts à voir les normes changer.
«Le fait d’avoir des [amendes] aussi basses pénalise ceux qui sont exemplaires dans leur exécution», a-t-il souligné.
Enfin moins de cônes orange?
Plus du quart des cônes orange recensés dans le centre-ville de la métropole sont inutiles, avait déterminé la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) dans une étude publiée en janvier.
La Ville souhaite donc en limiter leur nombre, mais surtout leur taille. «On gère des chantiers sur des rues locales, dans un milieu urbain dense, comme si c’était sur une autoroute», a déploré M. Rabouin.
Des discussions sont donc entamées avec le ministère des Transports (MTQ) pour faire des modifications à ses normes de signalisation.
Cette mesure est aussi appuyée par Aurélie de Blois, porte-parole de Tourisme Montréal. «Le cône orange ne fait pas partie de la carte postale qu’on présente à l’international», a-t-elle avancé.
Pour les cônes parfois abandonnés sur le bord de la rue, la Ville suggère de les identifier avec un code QR afin de retrouver plus facilement le propriétaire qui l’a laissé derrière.
De son côté, l’opposition officielle trouve que ce sommet n’était pas nécessairement utile. «Nous avons assisté à rien d’autre qu’une opération de communication pour camoufler l’inaction et le manque de volonté politique des cinq dernières années», a indiqué Alan DeSousa, porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’infrastructures et de voirie.