La douleur est toujours aussi vive pour les parents de cet adolescent de 15 ans qui a perdu la vie en mai 2022 dans une collision entre son cyclomoteur – ou scooter – et une camionnette, et des questions persistent toujours 10 mois plus tard, malgré la publication du rapport du coroner jeudi.
«C’est une journée à la fois. Des fois, c’est une heure à la fois, une seconde à la fois», a témoigné Nancy Duperron, la mère de Jasmin Béliveau.
«Quand je vois un scooter, je pense toujours à Jasmin», a ajouté son conjoint Marc Béliveau.
Selon le rapport, Jasmin Béliveau, qui portait son casque de sécurité, est décédé d’un traumatisme crânien. La victime a été projetée sur une vingtaine de mètres, après que son scooter ait été percuté sur le côté droit. Aucune trace de freinage ni de dérapage n’a été observée, tant pour la camionnette que le cyclomoteur.
Après des investigations menées auprès d’un ingénieur de la Ville, il a été impossible d’établir la couleur des feux de circulation lors de l’accident. Toutefois, le coroner note que des plaintes ont été déposées, par le passé, pour une confusion dans l’enchaînement des feux de circulation dans ce secteur. Il n’exclut pas que la configuration ait pu jouer un rôle.
Des inspections ont aussi été réalisées sur les véhicules. Le cyclomoteur présentait certaines défectuosités, notamment au système de freinage avant. Aucun problème n’a été relevé sur la camionnette. Toutefois, le rapport d’expertise rapporte que le pilier de pare-brise a pu nuire à la visibilité. La vitesse de la camionnette au moment de l’impact est estimée entre 44 et 59 km/h.
Des analyses toxicologiques ont aussi permis de montrer qu’il n’y avait aucune trace de drogue, d’alcool ou de médicament chez la victime. Le chauffeur de la camionnette n’a pas eu à se soumettre à de telles requêtes. Selon l’article 320.27 du Code criminel établi en 2018, les policiers peuvent ordonner à un individu de fournir un échantillon, sans avoir de soupçon.
«Les rapports des différents policiers impliqués au présent dossier ne font état d’aucun indice matériel ou autre qui aurait pu les inciter à appliquer ce nouvel article de loi, peut-on lire dans le rapport. La possibilité d’usage d’un cellulaire au volant a été écartée d’emblée par ces derniers et aucune preuve n’a pu en être faite, même plus tard en cours d’enquête», peut-on lire dans le rapport.
«Pourquoi ne pas l’avoir fait à l’autre conducteur? C’est ma question. [...] On a un mort qui est couché par terre, et on ne vérifie rien», a dit Nancy Duperron.
Le coroner, Me Yvon Garneau, a soulevé d’ailleurs ce questionnement dans son rapport : «Ne serait-il pas pertinent, lorsqu'il y a décès d'une personne dans un événement routier, de requérir d'un conducteur impliqué, déjà coopératif, un test reconnu et pouvant permettre de confirmer l'absence de tout soupçon de conduite sous influence interdite et sanctionnable par la Loi? Est-ce que cet exercice peut s’inscrire dans les bonnes pratiques policières?»
Selon les parents de Jasmin Béliveau, plusieurs pièces du puzzle sont manquantes dans l’enquête policière, et plusieurs de leurs questions demeurent sans réponse. Ils ont d’ailleurs déposé une plainte au comité de déontologie policière. Ils se consolent, toutefois, en sachant que leur fils a pu aider son prochain, grâce au don d’organe.