Pour avoir profité d’une quinzaine de victimes, la plupart de jeunes ados, leurrées sur le web, forcées d’envoyer des photos et vidéos pornographiques qui allaient jusqu’à de la bestialité dans un cas, le prédateur Yoan Dionne a écopé d’une sévère peine de 11 ans de pénitencier.
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Puisqu’il est détenu depuis juin 2021, le tout calculé à temps et demi, Yoan Dionne passera les huit prochaines années en détention pour ses crimes que le juge Stéphane Poulin a lui-même qualifiés de «gravité extrême».
Naviguant les réseaux sociaux comme un prédateur à la recherche de proie, Dionne utilisait divers stratagèmes pour se connecter dans les comptes de ses victimes. Lorsqu’il réussissait à mettre la main sur du contenu intime, il faisait chanter les jeunes femmes pour qu’elle lui envoie plus de matériel pornographique, sous la menace de distribuer leurs photos ou vidéos en cas de refus.
Dans l’un des cas, il a poussé une adolescente à poser des actes de bestialité avec un chien.
À un autre moment, il a contacté la mère d’une de ses victimes pour la menacer de publier les photos de sa fille si elle ne lui envoyait pas elle-même des photos pornographiques.
Lourdes conséquences
Yoan Dionne avait plaidé coupable en novembre à l’ensemble des chefs d’accusation qui pesaient sur lui, soit près d’une quarantaine. On y trouvait notamment des chefs de leurre, d’extorsion, de production et de distribution de pornographie juvénile et de partage d’images intimes.
Par la voix des procureures de la couronne Geneviève Corriveau et Andréanne Sirois, les victimes ont témoigné jeudi vivre dans l’anxiété, la peur et le dégoût depuis les gestes posés par l’homme.
Peur que les photos et vidéos ressortent; fugue; peur du regard des autres; manque de confiance en soi et envers les autres; crises de paniques et paranoïa. Les conséquences chez ces jeunes femmes sont nombreuses, elles qui traineront les traces du passage de Dionne dans leur vie encore longtemps.
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Repentant
Détenu à l’établissement de Roberval, l’accusé a assuré au tribunal sa volonté d’entreprendre un cheminement thérapeutique, s’excusant au passage pour le mal qu’il a causé.
«Le fait que j’aie eu des troubles, que je consomme, ça n’excuse vraiment pas mes gestes, mais présentement, je suis revenu à moi. Je peux réaliser aujourd’hui l’ampleur de ce que j’ai fait», a témoigné l’accusé, ajoutant comprendre qu’il avait «brisé des jeunes femmes».
Le rapport présentenciel confectionné après le plaidoyer de culpabilité de Dionne fait état de comportements misogynes motivés par «un désir de vengeance face aux femmes qui l’ont fait souffrir dans sa vie».
«[Il] a un parcours de vie très sombre que l’on ne souhaite à aucun enfant», a exposé son avocat, Me Jasmin Laperle-Marquis. «Toutes ces années où il a été exposé à des choses auxquelles il n’aurait pas dû être exposé, ça a forgé l’homme qu’il est aujourd’hui.»
Suggestion commune
La peine de 11 ans d’emprisonnement découle d’une suggestion commune entre la couronne et la défense.
Le juge Stéphane Poulin a d’ailleurs salué le travail des avocats, qui permet d’éviter un procès lourd et couteux, en plus de forcer les victimes à se replonger dans le chaos qu’a semé l’accusé dans leur vie pour venir témoigner.
«La suggestion est le fruit de négociations sérieuses, qui sont l’exemple parfait d’avocats prenant la peine de négocier quelque chose qui sert autant les intérêts du client que ceux de l’administration de la justice», a fait remarquer le magistrat en entérinant la suggestion des parties.
Yoan Dionne sera également inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de 20 ans.