La création de Santé Québec est une façon pour le ministre Dubé de se déresponsabiliser, croient les partis d’opposition, qui ne voient pas comment ce changement de structure se traduira par de meilleurs soins pour les patients.
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«À quoi servira le ministre après l’adoption de ce projet de loi?» s’est interrogé le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, jeudi matin en point de presse au parlement.
En créant une société d’État responsable des opérations dans le réseau de la santé, la réforme Dubé serait essentiellement un «bouclier caquiste anti-imputabilité», selon les libéraux.
Le contraste entre les responsabilités qui sont concentrées dans les mains du super-ministre Pierre Fitzgibbon et celles qui resteront entre les mains du ministre de la Santé si cette pièce législative est adoptée est saisissant croit Marc Tanguay. «On aura un mini-ministre de la Santé, pas un super-ministre», a-t-il ironisé.
Centralisation
Du côté de Québec solidaire, la réforme mise de l’avant par le gouvernement est la suite naturelle de la vaste entreprise de centralisation du réseau de la santé amorcée par Philippe Couillard sous le gouvernement Charest, puis poursuivie par Gaétan Barrette sous le gouvernement Couillard.
«C’est un trip de pouvoir de bureaucrate, s’est indigné le porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois. C’est une réforme par et pour les bureaucrates (...). La centralisation a mis le bordel dans le système, et là le gouvernement dit qu’il va aller encore plus loin.»
Pire encore, cette réforme «ne changera rien pour les patients», pensent les solidaires. «Ça ne va pas améliorer les soins, ça ne va pas ramener d’infirmières dans le réseau de la santé», a soufflé M. Nadeau-Dubois.
- Écoutez l'entrevue avec Christian Dubé, ministre de la Santé à l’émission de Yasmine Abdelfadel diffusée en direct via QUB radio :
Les péquistes sont du même avis. «C’est le plus grand effort de centralisation qu’on a jamais vécu», a laissé tomber le député Joël Arseneau, qui ne voit «pas vraiment» d’un bon œil le projet de loi de Christian Dubé.
«On voit que l’esprit du projet de loi (...), c’est qu’on présente ça comme un projet qui va permettre une gestion de proximité, alors qu’on décèle le contraire», a-t-il dit.
«Pour la gestion de proximité : on va nommer des directeurs un peu partout, et là, pour nous, nommer des gestionnaires qui ne demandent plus d’un conseil d'administration élu, mais qui dépendent des gestionnaires de Québec», a-t-il illustré.
Mobilité du personnel
Mais tout n’est pas noir. La proposition de reconnaître l’ancienneté du personnel du réseau de la santé partout au Québec pour favoriser la mobilité du personnel d’une région à l’autre est pour sa part bien reçue par les oppositions.
Toutefois, il faudra s’assurer que le personnel qui a quitté le réseau public pour aller travailler dans des agences de placement de personnel reviennent dans le réseau de la santé, a exprimé le député péquiste Joël Arseneau.
Adoption rapide
Le ministre Dubé, qui a plaidé mercredi pour une adoption rapide de son projet de loi, devra réfréner ses ardeurs. «Ça fait plusieurs années que je suis ici. Un projet de loi de 1200 articles, je n’ai jamais vu ça», a lâché le député libéral André Fortin, qui estime que l’étude de la pièce législative prendra du temps.
De même, les péquistes croient qu’il ne sera pas possible d’adopter ce projet de loi avant la fin de la session en juin, mais ils n’écartent pas la possibilité qu’il le soit d’ici la fin de l’année 2023.