L’usine d’aluminium Rio Tinto veut enclencher la construction de nouvelles cuves dès cet automne à son usine d'Arvida pour se tourner plus rapidement vers une solution moins polluante.
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La compagnie avait annoncé 16 nouvelles cuves AP-60 en novembre 2021, mais avait mis le projet sur la glace, pour étudier la possibilité d'ajouter plutôt 80 cuves supplémentaires.
Car si le gouvernement du Québec permet l'exploitation des vieilles salles de cuves précuites – qui sont plus polluantes – jusqu'en décembre 2025, Rio Tinto ambitionne de devancer l'échéance en amorçant leur fermeture en 2024.
«Nos études de pré-faisabilité sont complétées à 80%, a confié le directeur-général des Opérations Atlantique pour Rio Tinto Aluminium Sébastien Ross. Idéalement, nous aimerions commencer l'exécution dès l'automne.»
Vendredi midi, ce dernier a confirmé l'échéancier visé par la compagnie, au terme du Sommet Aluminium, qui a rassemblé plus de 900 personnes depuis jeudi.
La compagnie espère accélérer ses projets pour profiter de la demande mondiale pour l'aluminium vert sur le marché international.
«Dans notre plan, nous fermons les salles une à la fois, mais on va demander de prolonger certaines salles de cuves pour assurer une transition», a-t-il expliqué.
La compagnie prévoit ainsi limiter les pertes d'emplois en reclassant les travailleurs, notamment dans les centres de recyclage, à la future usine de billette d'Alma, et vers la développement de technologie Elysis.
«On est confiant, dans un horizon de 10 ou 15 ans, que le niveau d'emplois sera le même qu'actuellement», a-t-il avancé.
«La première pelletée de terre du centre de billettes, en avril prochain, et le développement d'Elysis sont d'excellentes nouvelles», a pour sa part réagi la mairesse d'Alma, Sylvie Beaumont.
«Ce qui est encourageant, c'est que Rio Tinto est consciente des possibilités qui sont ouvertes», a quant à lui observé Patrick Dubé, de Sotrem-Maltech, une entreprise mondiale spécialisée dans plusieurs secteurs industriels et manufacturiers.
Mais tous les projets futurs se feront au rythme des blocs d'énergie supplémentaires disponibles.
«C'est vraiment le développement d'Elysis qui va nous éclairer sur nos besoins en énergie, a indiqué M.Ross. On pourra exprimer nos besoins quand on aura une meilleure idée.»
La mairesse de Saguenay Julie Dufour et les MRC du Saguenay-Lac-St-Jean soulève toutefois leurs inquiétudes: si Rio Tinto devait accaparer la majorité des mégawatts supplémentaires que le gouvernement Legault rendra disponible, les autres perspectives de développement seraient alors plus limitées.
«Est-ce que le Saguenay-Lac-St-Jean peut se développer comme région?, a questionné Julie Dufour. Il faudra que les blocs d'énergie soient disponibles pour mieux diversifier l'économie.»
«L'énergie est produite en région, donc on devrait pouvoir l'utiliser pour se développer, a fait valoir le préfet de la MRC Maria-Chapdelaine, Luc Simard. Si notre énergie est exportée pour créer des emplois à Montréal, c'est sûr qu'on va lever le bouclier.
De son côté, Sébastien Ross a reconnu qu’il pourrait y avoir de la concurrence.
«Je présume que chaque projet sera évalué au mérite. Je vais défendre les intérêts de Rio Tinto, mais nous serons toujours là pour supporter la région», a-t-il précisé.