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Billets à 500 $ : des passagers en région exaspérés par les retards et les annulations

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Un an après l’annonce en grande pompe du gouvernement Legault pour des billets d’avion à 500 $, le manque de fiabilité des vols décourage bien des gens aux quatre coins de la province. 

Que ce soit en Gaspésie, sur la Côte-Nord et même en Abitibi-Témiscamingue, les retards à répétition et les annulations de vol font mal. La femme d’affaires Mirka Boudreau, de Sept-Îles, garde un souvenir amer de son dernier voyage à destination de Denver, au Colorado.  

« C’est le chaos ! C’est l’enfer ! Je suis arrivée deux jours en retard. J’ai perdu un meeting d’affaires d’importance, une opportunité importante, j’ai eu des frais pas possibles ! » témoigne la présidente d’Int-elle corporation, qui a des bureaux en Amérique du Sud.  

Pas assez fiable

Lancé en juin 2022, le Programme d’accès aérien aux régions permet en principe de faire un aller-retour dans les régions du Québec au coût de 500 $, ou de se faire rembourser entre 30 % et 60 % du billet d’avion pour voyager dans sa propre région.  

Un programme qui ne remplit pas ses promesses, selon les témoignages recueillis dans le cadre de l’émission J.E qui sera diffusée ce soir à 21 h 30. 

« Disons que je veux me rendre dans ma propre région, sur l’île d’Anticosti, je ne peux pas prendre un billet à 500 $. Donc si je fais l’exercice, en partant de Sept-Îles, ça va me coûter plus de 1000 $ », explique Joannie Francœur-Côté, directrice de Tourisme Côte-Nord. 

À Gaspé, des entrepreneurs préfèrent prendre la voiture en raison du manque de fiabilité de PASCAN Aviation et de Provincial Airlines. 

« Le développement des affaires se fait à l’extérieur. On a une chance sur deux que l’avion ne parte pas, donc en ce moment, on a décidé de prendre le véhicule », explique Jean-David Samuel, PDG de Chantier Naval Forillon, l’un des plus gros employeurs de la Gaspésie.  

  • Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 où il revient sur J.E via QUB radio :

Jours de travail perdus

L’homme d’affaires estime avoir perdu une cinquantaine de jours de travail, ce qui serait attribuable aux déplacements dans la dernière année.  

« Prendre l’avion, c’est comme un gambling ! Est-ce qu’on va se rendre ou pas ? On ne sait pas ! » 

Le manque de prévisibilité se répercute aussi sur la tenue de grands événements.  

« Je suis présidente d’un festival et quand les artistes nous indiquent qu’ils pensent prendre l’avion, on est un peu frileux ! Même qu’on leur demande de passer par la route parce qu’on ne sait pas s’ils vont être à temps », illustre Joannie Francœur-Côté. 

Un nouveau comité permanent a été mis en place par le gouvernement et chargé de trouver des solutions pour redresser la desserte aérienne régionale. Une première rencontre a eu lieu mardi dernier. 

Chirurgies annulées pour des Madelinots 

Richard Arseneau, dont l’opération à un genou a été reportée à cause d’un vol annulé.

Photo Marie-Claude Desfossés-Paradis

Richard Arseneau, dont l’opération à un genou a été reportée à cause d’un vol annulé.

Les citoyens des Îles-de-la-Madeleine vivent de sérieux problèmes avec la desserte aérienne. En 69 jours, du 31 janvier au 8 mars dernier, 86 vols ont été annulés, une situation qui se répercute sur la santé des insulaires, notamment.  

Richard Arseneau a raté une chirurgie au genou qu’il attendait depuis deux ans. Son vol prévu le 23 janvier au matin a été annulé en raison d’un bris mécanique, pour être repoussé en après-midi et être annulé de nouveau, cette fois en raison de la météo. Le lendemain, l’avion n’a pas non plus décollé. 

« Il y a des retards tous les jours dans les vols. C’est sûr que je ne suis pas tout seul là-dedans ! [...] Ce n’est pas fameux. »

  •  Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine pour le Parti québécois sur QUB radio : 

Pénurie de personnel

Des professionnels qui se rendent sur l’archipel pour offrir des soins de santé sont aussi au bout du rouleau. La Dre Chantal Delorme, la seule ophtalmologiste des Îles, a décidé de réduire ses activités professionnelles dès 2024. 

« Je vis l’enfer carrément. Ça crée un stress énorme sur moi, beaucoup de frustration, beaucoup de sentiment d’impuissance face à mes patients. »  

Le directeur des soins professionnels, le Dr Jean-François Bellemare, reconnaît que l’enjeu est important.

« On est un peu à la merci et dépendants de nos médecins dépanneurs, donc non, pour certains services, on n’a pas le luxe de les perdre. »

PASCAN Aviation attribue la situation actuelle à la reprise postpandémique. La pénurie de personnel s’additionne aux difficultés d’approvisionnement en pièces et en appareils. Deux avions SAAB supplémentaires auraient dû être livrés l’an passé. 

« Si on annule un vol ou si on retarde un vol, ce n’est pas de gaieté de cœur. [...] Ça nous coûte très, très cher. » 

La compagnie Air Canada s’est contentée d’une réponse écrite : « La très grande majorité des vols sont exploités selon l’horaire prévu. »  

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