La Ville de Montréal a dû bloquer une partie de la rue Sainte-Catherine Ouest vendredi en raison d’un immeuble centenaire inoccupé qui menace de s’effondrer juste en face du Centre Eaton.
Vers midi, des employés de la Ville s’affairaient à placer des barrières en face de l’immeuble, condamnant une partie du trottoir et la voie de circulation. Les passants pouvaient toutefois encore se déplacer sur le trottoir situé en face, devant le centre commercial.
Plus tôt en matinée, un simple cordon jaune avait été installé pour ériger rapidement un périmètre de sécurité.

AUDREY SANIKOPOULOS / AGENCE QMI
Sur place, il était possible de constater que quelques briques du mur mitoyen étaient tombées sur le terrain vacant voisin.
L’immeuble, qui est inoccupé, est en effet situé juste à côté de l’ancien club de striptease, le Super Sexe, qui est parti en fumée en octobre 2021.
Il appartient également au même propriétaire que cet édifice patrimonial, qui a flambé après avoir été laissé à l’abandon.

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Des ingénieurs avaient inspecté le bâtiment en début de semaine. Ils avaient alors constaté un problème d’intégrité de la structure de l’immeuble qui pourrait présenter des dangers, a confirmé sur les lieux, André Jude, qui s’est présenté comme le propriétaire.
Toutefois, l’entreprise propriétaire de l’édifice et du terrain devenu vacant est détenue le promoteur immobilier new-yorkais Ben Ashkenazy.
Selon Forbes, sa fortune est évaluée à 2,6 milliards $.
Pas assez d’action
«Comment en sommes-nous arrivés là?!» s’est interrogé sur Twitter Glenn Castanheira, directeur général de la Société de développement commercial Montréal centre-ville.
En 2021, après l’incendie du Super Sexe, M. Castanheira s’était insurgé contre le fait que des spéculateurs négligeaient l’entretien des bâtiments patrimoniaux.
«Le feu s’est produit en 2021, on est en 2023. Il semble qu’il n’y a pas grand-chose qui a été fait», s’est désolé Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal.
Il espère qu’une solution pourra être trouvée pour consolider le bâtiment.
«On a mis énormément d’argent collectivement pour retaper la rue Sainte-Catherine, l’embellir, l’améliorer et mettre en valeur son patrimoine», a-t-il souligné. «Et là, on a un très bel édifice qui risque de disparaître parce qu’on s’est peut-être trop concentré sur des formulaires et pas le site lui-même.»
Selon lui, la Ville de Montréal a les pouvoirs d’agir au niveau de la sécurité publique. Il croit cependant que les procédures sont parfois un peu lentes.

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Les barrières de la Ville devraient être remplacées en soirée par celles du propriétaire.
La zone de sécurité devrait rester la même, ce qui bloquera encore la rue, a indiqué M. Jude.
Ses conseillers sont en train d’étudier la situation pour pouvoir établir de nouvelles recommandations de protection de la zone.