Un ex-franchisé qui évite un second procès en reconnaissant sa participation à l’enlèvement du président de la chaîne de restaurants Cora afin d’obtenir une rançon de 11 M$ purgera à la maison une peine de deux ans grâce à la nouvelle loi C-5.
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«Les faits sont sérieux, mais [...] ne dépeignent pas [Paul Zaidan] comme un acteur principal de l’affaire», a expliqué le juge François Dadour en entérinant la suggestion commune de sentence ce matin, au palais de justice de Laval.
L’homme de 54 ans a plaidé coupable à deux chefs d’accusation d’enlèvement en vue d’obtenir une rançon et de séquestration de Nicholas Tsouflidis.
Des achats compromettants
Zaidan a posé «plusieurs gestes d’aide et d’encouragement qui ont participé au sort de la victime», a résumé le magistrat. Aussitôt qu’en décembre 2016, il a loué la maison où le roi des déjeuners a été séquestré. Puis en février 2017, il a acheté un moniteur pour bébé, des chaînes, des cadenas, un câble et des attaches. Il a aussi loué la voiture Volvo qui a transporté le président de Cora vers le lieu de sa séquestration.
Dans la soirée du 8 mars 2017, trois individus cagoulés se sont pointés à la demeure de M. Tsouflidis, à Mirabel, où ils l’ont couché au sol et maîtrisé avant de l’embarquer dans le coffre d’une Volvo. Menotté avec des attaches autobloquantes dans le coffre du véhicule, il avait alors réussi à appeler le 911.
Les ravisseurs ont également volé un coffre-fort chez le président. Celui-ci a été transporté dans une résidence de Laval, où il a été séquestré de longues heures au sous-sol.
Dans la nuit, sa mère Cora Tsouflidou, fondatrice de la chaîne de restaurants déjeuners, avait reçu une demande de rançon de 11 M$, qui n’ont finalement jamais été versés. Tôt le lendemain matin, M. Tsouflidis avait été relâché dans un fossé de Laval, où des citoyens l’ont retrouvé.
Soulagement pour la famille
Pour sa participation, Paul Zaidan a écopé d’une sentence de deux ans moins un jour, une peine qu’il purgera dans la collectivité. Il devra aussi respecter plusieurs conditions, dont celle d’être à sa résidence 24h/24 pendant les huit premiers mois.
«Avec le nouveau projet de loi C-5, il est maintenant possible de demander une peine avec sursis pour ces infractions. Cela évite un deuxième procès et à M. Tsouflidis de témoigner une autre fois», a expliqué la procureure de la Couronne.
«Ma famille et moi sommes soulagés que ce processus judiciaire soit terminé [...] et heureux de pouvoir mettre enfin cette épreuve derrière nous», a réagi Nicolas Tsouflidis par voie de communiqué.
De nouveaux éléments...
Rappelons que le premier procès s’était terminé en queue de poisson alors que le jury n’était pas parvenu à un verdict après des jours à débattre.
«Depuis, des faits et éléments nouveaux ont fait en sorte que la défense et le ministère public devaient réviser leur position initiale», a simplement laissé entendre l’avocat de la défense, Me Hovsep Dadaghalian.
Ces faits ne seront jamais révélés publiquement, vu le dénouement du dossier.
«Je suis heureuse que cette éprouvante histoire soit derrière nous et que nous puissions maintenant nous tourner vers le futur», a pour sa part souligné Cora Tsouflidou.
À ce jour, les trois ravisseurs cagoulés qui se sont présentés chez son fils pour l’enlever n’ont toujours pas été identifiés.
Le loi C-5, proposé Parti libéral du Canada, a suscité la controverse depuis son adoption en novembre dernier. La loi abroge les peines minimales obligatoires pour certaines infractions. L’objectif est notamment de lutter contre surincarcération des Autochtones ainsi que des personnes noirs et marginalisés dans les prisons.