Dix organismes communautaires ont tenté sans succès de rencontrer la police de Montréal pour dénoncer le comportement d’un de ses patrouilleurs à l’encontre de personnes vulnérables, en mars 2020.
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Le réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et neuf autres organismes avaient des préoccupations tellement sérieuses qu’ils ont envoyé une lettre de deux pages au commandant du poste de quartier 22 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
« Les actes qui nous ont été rapportés (...) comprennent du harcèlement, des menaces, des contraventions abusives, de l’intimidation, de la provocation et une familiarité non-désirée », peut-on lire dans la lettre qu’ils ont aussi transmise à Sylvain Caron, l’ancien directeur du SPVM.

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L'un des sans-abris qui auraient été ciblés par la police est Guylain Levasseur, qui a reçu 235 constats d'infraction en quatre ans et dont Le Journal rapportait l'histoire vendredi.
Selon trois intervenants communautaires qui se sont confiés à notre Bureau d'enquête sous le couvert de l'anonymat au cours derniers jours, la rencontre sollicitée n'a jamais eu lieu.
Deux ans après cette vaine tentative, M. Levasseur a porté plainte à la Commission des droits de la personne et de la Jeunesse (CDPDJ), qui poursuit maintenant la Ville et le SPVM pour harcèlement et discrimination.
La CDPDJ leur reproche leur reprochait entre autres d’avoir donné pas moins de 25 000 $ en contraventions à Levasseur, selon la requête judiciaire que nous avons pu consulter.

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Compassion et discernement
Levasseur aurait entre autres été victime de propos particulièrement dénigrants d’un policier du poste 22 : « On va te décrisser du village [gai], ma grosse tapette », lui aurait dit le patrouilleur, nous avait confié Levasseur en entrevue.
Il n’était d’ailleurs pas le seul à être la cible de propos déplacés, selon la lettre qui avait été envoyée à la direction du SPVM.
« Quelques policiers de ce poste qui ciblaient les itinérants manquaient de jugement. Ces policiers en faisaient une affaire personnelle », nous a confié une source policière qui n’est pas autorisée à parler aux médias.
En réponse à nos questions, le SPVM affirme que ses « policiers ont pour instructions de faire preuve de jugement, de discernement, de compassion et de tolérance envers les personnes en situation d’itinérance », affirme David Shane, inspecteur au SPVM.
Il ajoute que le SPVM a une philosophie de collaborer avec les ressources communautaires et a « depuis longtemps opéré un virage vers des solutions de rechange à la judiciarisation ».