Avec son élégant «wet dream», Gabriel Nadeau-Dubois a exhibé un petit côté Gilles Proulx pour s'attaquer à la réforme Dubé dans le monde de la santé, mercredi.
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Le style du co-porte-parole "qsiste" était outrancier, insultant. Un peu plus et il souhaitait ouvertement qu'on «achève» le ministre après avoir «abattu» l'ancien ministre Barrette.
Je vous l'accorde, il n'est pas allé jusque-là. Autre différence avec le vieux et mal embouché pamphlétaire de Qub: GND a fait ses envolées à grand renfort de mots anglais. Proulx a bien d'innombrables défauts, mais il injurie au moins dans la langue de Tremblay. (Le #mononc101 que je suis n'en frémit pas moins devant certaines de ses insultes furibondes.)
Pour GND, le projet de loi 15, c'est «un power trip de bureaucrates», puisqu'il va y «avoir un P.D.G. Big Shot» et des «bureaucrates Top Gun». Ce que Dubé, entre les lignes, voudrait faire comprendre, c'est, comme l'a traduit GND: «Je vais aller chercher mes chumés du privé, je vais leur donner des grosses jobs, puis checkez bien, ça va marcher.»
Son collègue Vincent Marissal qui, récemment, semblait vouloir franciser ses métaphores, est retombé dans son vice: «Ce que les Anglais disent, là, "where the buck stops", [...], il faut que quelqu'un soit responsable.»
La faute à la CAQ
Cette «pollution diurne» du français, rétorquent les apparatchiks de Québec solidaire, est la faute de la CAQ. «C'est eux qui ont commencé», m'a-t-on fait valoir en substance.
Ils n'ont pas tout à fait tort.
J'ignore où Christian Dubé a contracté le virus AG-23 (Anglolâtrie Galopante 2023), mais les symptômes étaient manifestes et nombreux chez lui, récemment. «Top Gun», «les colonnes du temple vont shaker», etc.
Le masque de francisation aurait dû lui être imposé! Car il semble avoir contaminé l'ensemble de la classe politique. Au premier chef, le «boss» Legault: «Ça prend du guts pour faire ces changements-là, puis je pense qu'on a des ministres qui ont du guts, puis un premier ministre qui a du guts.» En 2018, avant de contracter la maladie, le chef caquiste parlait français: «Il faut avoir de l'audace. Le nouveau gouvernement est audacieux.»
Maudit faucon!
Paradoxe, la terrible éclosion d'AG-23 a été aggravée par un message publicitaire, celle du faucon pèlerin, qui visait plutôt à la stopper.
L'humour mal placé, mal conçu, a pour ainsi dire dédramatisé le péril. Tout un chacun rigole en cherchant désormais des anglicismes et mots anglais, afin d'en émailler son propos, sourire en coin.
Cette manière de déparler a ainsi pris des airs ultra «cool». Les Québécois avaient jadis le réflexe de rire des Parisiens, qui allaient jusqu'à inventer des mots anglais («footing», «pressing», etc.) pour se donner, du coup, l'impression d'être dans le coup.
Grâce entre autres au premier geste du GAALF (Groupe d'action pour l'avenir de la langue française) de Jean-François Roberge, —soit cette satanée pub du faucon— voilà que le discours politique à Québec prend des accents «néo-parisiens».
Je conclurais comme le ferait sûrement Marissal ou le libéral André Fortin: «Slow clap.»