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Tragédie à Akwesasne: les passeurs de migrants n’ont même pas besoin de se cacher

AKWESASNE | Le passage clandestin emprunté par les huit migrants décédés est de plus en plus utilisé pour rejoindre illégalement les États-Unis en passant par la réserve mohawk d’Akwesasne, relatent des résidents.

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«Plusieurs propriétaires de bateaux sont devenus riches en laissant des passeurs illégaux utiliser leur quai pour le trafic de stupéfiants ou de migrants», déplore un résident de Summerstown, en Ontario, qui a préféré taire son identité.

La ville maritime compte de nombreuses maisons situées sur le bord de l’eau, dont plusieurs possèdent leur propre quai d’embarquement pour des bateaux. Ils sont très pratiques pour les passeurs illégaux, qui n’ont qu’à payer le propriétaire.

Lors de promenades en bateau au clair de lune, il lui arrive de voir des migrants cachés sous les ponts. De son quai, il aperçoit souvent des bateaux, phares éteints, qui glissent sans bruit dans la nuit.

«Il y a un véhicule qui attend les bateaux sur la terre ferme, précise le quinquagénaire en pointant une partie de la route avec son doigt. La voiture fait clignoter ses phares pour indiquer où la rejoindre, et après, ils sont partis».

«C’est par ici que tout passe. Les drogues, les cigarettes et les migrants», affirme le propriétaire d’une résidence au bord du Saint-Laurent, à Cornwall, qui n’a pas voulu être identifié.

  • Écoutez la rencontre Latraverse-Dumont avec Emmanuelle Latraverse au micro de Mario Dumont sur QUB radio : 

Un jeu d’enfant

«Se rendre aux États-Unis à partir d’ici, c’est vraiment facile si tu as un bateau. La traversée prend littéralement trois minutes», poursuit-il.

D’ailleurs, la présence de passeurs de migrants sur le territoire ne date pas d’hier, selon Tentha Williams, qui habite aussi l’île Cornwall. 

«Dû à notre situation géographique, des gens de notre communauté pourraient être vulnérables, surtout les jeunes qui veulent se faire de l’argent. Ils sont exploités», déplore le chef de police de la réserve, Shawn Dulude.

Il espère sensibiliser les plus vulnérables aux risques du trafic d’êtres humains, qui ne valent pas «l’argent rapide» que les passeurs de migrants reçoivent.

  • Écoutez l'entrevue avec Yves Poirier, journaliste TVA Nouvelle au micro de Yasmine Abdelfadel sur QUB radio :

L’argent facile

«Les organisations criminelles, qu’elles soient de Montréal, de Toronto ou d’Ottawa, ciblent notre région parce qu’elles savent qu’elles peuvent y exploiter des jeunes qui ont une certaine connaissance des eaux et des rivages, qui peut servir à faire passer des gens à la frontière», explique Shawn Dulude.

«Depuis 12 mois, on a reçu du financement supplémentaire pour avoir plus de patrouilleurs maritimes. Bientôt, nous aurons des patrouilles 24 h par jour, sept jours par semaine», souligne-t-il. 

– Avec Nora T. Lamontagne

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