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Protection de la loi sur la faillitte : la Distillerie du St. Laurent pointe la SAQ pour ses problèmes

Les propriétaires de la Distillerie du St. Laurent, récemment placée sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, considèrent que la gestion de l'offre de la Société des alcools du Québec (SAQ) est en grande partie responsable de leurs problèmes financiers.

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«Depuis qu'on retrouve un plus grand nombre de produits québécois sur les tablettes de la SAQ, elle ne fait plus une saine gestion de son offre. Elle n'accorde pas de la distribution en fonction des produits qui sont réellement en demande», a expliqué Joël Pelletier, copropriétaire de la Distillerie du St.Laurent.

Selon les données de la SAQ, il y a cinq ans, il y avait 39 distillateurs/embouteilleurs au Québec. Aujourd'hui, on en retrouve 79.

La SAQ accepte tous les nouveaux spiritueux québécois sur ses tablettes. Actuellement, sur son site transactionnel, la SAQ vend plus de 770 spiritueux québécois. La compétition entre les distillateurs québécois est donc devenue féroce et les places sur les tablettes plus limitées.

«Avec notre gin St. Laurent, on se trouvait au départ dans 300 magasins et aujourd'hui, on a de la misère à passer le cap des 100 points de vente. On a perdu 65 % de nos points de vente, alors que l'intérêt pour nos produits n'a pas diminué», a spécifié M. Pelletier.

«On se retrouve dans une situation où il doit y avoir un ménage, sain et équitable, qui doit être fait. Une industrie saine, ce n'est pas 70 distilleries qui opèrent à perte, c'est plutôt un nombre X de distilleries, qui sera à déterminer, qui opère de façon viable», a expliqué le copropriétaire de la Distillerie du St. Laurent.

La SAQ à la recherche d'une solution pérenne

La SAQ reconnait qu'il y a présentement un problème et qu'il faut changer la façon de faire.

«Dès leur entrée sur le marché, les distillateurs ont demandé que la SAQ introduise tous les spiritueux d’ici sur ses tablettes. L’industrie des produits du Québec a évolué rapidement et nous convenons aujourd’hui, avec l’industrie, que nous devons effectivement revoir l’approche étant donné l’effervescence dans cette catégorie», a indiqué la porte-parole de la SAQ, Linda Bouchard.

La porte-parole de la société d'État a également précisé qu'il y a un désir de collaborer avec les distillateurs afin que «le bon produit se retrouve au bon endroit, au bon moment» ajoutant qu'il «faut prendre le temps pour bien faire les choses».

Selon Joël Pelletier, les choses doivent changer rapidement puisque «deux distilleries sur trois sont déficitaires».

Différents facteurs en cause

Joël Pelletier indique que plusieurs facteurs ont placé l'entreprise dans cette fâcheuse situation financière. 

La construction de leur nouvelle distillerie a été beaucoup plus longue que prévu et le projet estimé à 10,5M$, au départ, a engendré d'importants dépassements de coûts.

«Le projet [de la nouvelle distillerie] a été conçu et financé avant la pandémie. On sait que les coûts des matériaux de construction ont explosé durant la pandémie. [...] Il y a eu un enjeu de main-d'œuvre, donc peu de soumissionnaires», a-t-il expliqué.

Il a ajouté que la hausse des taux d'intérêt met une pression énorme sur l'entreprise.

«Et on ajoute à ça, des revenus limités avec les baisses de ventes en SAQ, ca fait qu'on se retrouve dans une situation particulière», a-t-il conclu.

Les propriétaires de la Distillerie devront bientôt présenter une proposition à leurs 37 créanciers.

Rappelons que l'entreprise a une dette de 13,6 millions de dollars.

Pendant ce temps, mis à part la production de whisky qui a été mise sur pause, toutes les autres activités de la distillerie se poursuivent.

Les propriétaires se disent «confiants» de trouver un terrain d'entente avec leurs créanciers.

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