Parti de presque rien il y a 10 ans, le Bureau d’enquête de Québecor est devenu une référence en exposant inlassablement les magouilles des politiciens, du crime organisé et des institutions publiques tout en défendant le simple citoyen.
Dans le cadre d’une émission spéciale diffusée ce soir à TVA et dans un cahier à paraître dans Le Journal demain, l’équipe revient sur cette décennie marquée par les scandales qu’elle a révélés au grand jour.
Au menu : un retour sur l’enquête de l’unité permanente anticorruption sur Jean Charest et Marc Bibeau, les révélations sur les liens entre des proches du crime organisé et une filiale de la Caisse de dépôt, les confidences exclusives du parrain intérimaire de la mafia montréalaise... Pour ne nommer que ceux-là.
« Les sujets changent, mais notre travail reste fondamentalement le même : montrer ce que d’autres personnes voudraient cacher », soutient Jean-Louis Fortin, directeur du Bureau d’enquête.
L’idée de créer une équipe spécialisée en journalisme d’enquête fait son chemin en 2012, alors que les scandales de corruption au niveau fédéral et provincial faisaient la manchette.
« La haute direction de Québecor en avait assez de voir l’équipe [de l’émission Enquête] sortir à peu près toutes les grandes enquêtes qui secouaient le Québec », résume Dany Doucet, rédacteur en chef du Journal de Montréal.
- Écoutez l'entrevue avec Jean-Louis Fortin à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :
Dans un bunker
Rapidement, une équipe comptant une dizaine de journalistes et de recherchistes ayant des affinités pour l’enquête est mise sur pied et commence à se réunir dans un petit local à l’écart de la salle de rédaction.
« C’était une ambiance bunker ! On voulait être isolé pour penser différemment », se rappelle Félix Séguin, journaliste spécialisé en affaires criminelles.
À coup de rigueur, de constance et de premières pages fracassantes, le Bureau d’enquête établit sa réputation dans le milieu journalistique et multiplie ses sources confidentielles.
« Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir bâti des expertises à partir de rien », affirme Jean-Louis Fortin, en contemplant le chemin parcouru.
Les formats aussi évoluent avec le temps. « A contrario des autres médias qui font de l’enquête, on produit des documentaires, des podcasts, des microsites, des livres, qui sont adaptés en films », énumère Félix Séguin, aussi animateur de l’émission J.E.
Plus pertinent que jamais
Alors que les citoyens sont noyés dans un déluge d’information, parfois fausse, Jean-Louis Fortin est convaincu que les reportages du Bureau d’enquête sont plus pertinents que jamais.
« Les politiciens n’ont plus besoin des médias pour dire ce qu’ils veulent dire. Notre rôle, c’est donc de faire des dossiers à valeur ajoutée auxquels les gens n’auraient pas accès autrement », témoigne le directeur, toujours aussi passionné par sa mission.