Le comportement de l’enseignante de Sainte-Marthe-sur-le-Lac qui a hurlé sur ses élèves de 6 et 7 ans pourrait entraîner des répercussions sur plusieurs jours chez ces jeunes, selon la psychoéducatrice Mélanie Bilodeau.
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En entrevue à l’émission «Le Bilan», elle indique que le comportement de l’enseignante s’apparente à de la violence psychologique et à ce qu’on appelle des «violences éducatives ordinaires».
«Ce sont des violences qui passent souvent sous silence, qui sont un peu banalisées au quotidien parce que ça passe un peu sous le sceau de l’éducation alors crier, hurler, mépriser, insulter, humilier, dénigrer un enfant, ça fait partie des violences éducatives ordinaires, et ça ne passe pas, dit-elle. Ce n’est pas du tout éducatif.»
- Écoutez l'enseignant Simon Landry parler du processus de plainte à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio :
L’exposition à ce type de comportement génère du stress, ce qui est problématique pour les tout-petits qui n’ont pas encore la capacité pour le gérer.
«Ils ont ce qu’on appelle des amygdales cérébrales, qui surchauffent, explique la psychoéducatrice. Ça crée un effet d’hypervigilance chez l’enfant, et ça pourrait avoir comme impact chez les enfants que ça prenne un certain nombre de jours avant que les amygdales [reviennent à la normale].»
Plusieurs effets peuvent se faire sentir sur le comportement de l’enfant pendant plusieurs jours.
«Pendant ce temps-là, l’enfant est en état d’hypervigilance et va en quelque sorte détecter du danger, continue-t-elle. Ça fait un enfant qui va devenir plus explosif, qui va faire davantage de grandes crises de colère, des crises de larmes. L’enfant va réagir à ce stress-là et c’est tout à fait normal.»
Un comportement qui cause ce type de réaction ne devrait non seulement ne pas survenir en classe, mais dans toutes les sphères de vie de l’enfant selon l’experte.
«Même comme parent, ce n’est pas le type d’éducation qu’on devrait offrir à nos enfants, affirme-t-elle. Les enfants ont besoin d’être sécurisés.»
Le rapport à l’autorité et la relation enfant-enseignant devront être retravaillés avec les enfants de la classe en question.
«Ça va devoir être rétabli particulièrement pour ces petits enfants-là qui en sont vraiment à leurs premiers pas dans le monde scolaire.»
- Écoutez l’entrevue avec Nathalie Joannette, directrice générale du Centre de services scolaire des Mille-Îles à l’émission de Benoit Dutrizac via QUB radio:
Soutenir les gens qui prennent soin des enfants
Mme Bilodeau n’a pas voulu se prononcer sur la capacité de l’enseignante de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à continuer d’exercer son métier.
Elle estime toutefois que cette dernière a besoin d’accompagnement.
«Assurément qu’elle a besoin d’accompagnement présentement, mentionne-t-elle. Si on explose de la sorte et qu’on décharge nos propres émotions sur les enfants au quotidien, c’est qu’on est peut-être dans une période où on est un petit peu plus vulnérable ou fragilisé.»
La psychoéducatrice plaide pour une responsabilisation collective pour s’assurer que les enfants n’aient pas à faire face à de tels comportements.
«C’est important comme société de dénoncer lorsqu’on est témoin de violence éducative ordinaire ou de violence psychologique, partage-t-elle. C’est important de soutenir les gens qui prennent soin de nos enfants. Notre responsabilité comme adulte c’est de prendre soin du plein développement du cerveau de l’enfant, donc il faut prendre soin des gens qui prennent soin de l’enfant.»
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus