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Drainville s'octroie plus de pouvoirs: Il va «trop loin», juge Gaétan Barrette

Non seulement Bernard Drainville nommera les futurs directeurs généraux des centres de services scolaires, mais il pourra les limoger et annuler une décision pour imposer la sienne. Même l’ex-ministre Gaétan Barrette ne s'était pas octroyé autant de pouvoirs.  

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«Il va plus loin, pour ne pas dire trop loin!», lâche le libéral, en entrevue avec notre Bureau parlementaire. 

Le ministre de l’Éducation a déposé jeudi sa réforme de la gouvernance en éducation. Il se donne le pouvoir de nommer les patrons des CSS pour un mandat de cinq ans. 

Et s’il est en désaccord avec une décision prise par la personne qu’il aura désigné, Bernard Drainville aura le pouvoir de la renverser.  

Le projet de loi «accorde au ministre le pouvoir d’annuler une décision d’un centre de services scolaire et de prendre celle qui, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu lorsque la décision n’est pas conforme aux cibles, aux objectifs, aux orientations et aux directives qu’il a établis», peut-on lire dans le texte législatif.  

Le ministre assure qu’il ne se servira pas de ce nouveau pouvoir à qui mieux mieux. «J'espère ne pas avoir à l'utiliser, mais ça va être dans des cas où, effectivement, tu as un centre de services qui se détache, je dirais, de la vision du gouvernement en matière d'éducation. Il va falloir que ce soit pas mal grave pour qu'un ministre de l'Éducation se prévale de ce pouvoir-là», a-t-il illustré.  

  •  Écoutez la chronique politique provinciale et fédérale avec Philippe-Vincent Foisy, animateur de l’émission matinale de QUB radio, entre autres au sujet de la réforme Drainville, au micro de Benoit Dutrizac via QUB radio :  

Nomination des DG

Et si on en croit Bernard Drainville, peu de dirigeants actuels ont raison de craindre pour leur poste. «La vaste majorité vont être reconduits», a-t-il dit. Après l’adoption de la loi, les directeurs généraux seront «évalués» sur une période d’un an et demi. «Au terme du 18 mois, si l’évaluation est concluante, je les nomme pour cinq ans».  

L’ex-ministre libéral Gaétan Barrette n’en revient tout simplement pas. Lors de sa réforme du système de santé, il rappelle que son gouvernement s’était donné le pouvoir de nommer les PDQ des CIUSSS et des CISSS, mais seulement après recommandation des conseils d’administrations. 

«J’ai été descendu en enfer, démonisé pour ce que j’ai fait!», insiste l’ex-élu, désormais débatteur à La Joute sur les ondes de LCN. 

Accès aux résultats des élèves

Le gouvernement Legault crée également un nouvel organisme - l’Institut national d’excellence en éducation - pour le conseiller quant aux meilleures pratiques à adopter en enseignement et même pour la formation des profs, ce qui risque fort de faire grincer des dents dans le corps enseignant.  

Québec souhaite aussi permettre au ministère de l’Éducation d’avoir accès aux données des CSS, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Un peu comme Christian Dubé l’a fait en santé, Bernard Drainville veut se doter d'un «tableau de bord» pour évaluer la réussite scolaire des élèves québécois.  

Cela lui permettra, par exemple, de «voir quelles sont les écoles où il y a trop d'échecs, où la moyenne est trop basse par rapport à la moyenne québécoise». 

Un nouveau pouvoir qui fait sourciller Gaétan Barrette. «Il se donne le pouvoir de débarquer dans une classe et d’aller voir les bulletins!», s’indigne l’ex-ministre.  

  • Réforme Drainville : Écoutez la rencontre Lisée - Mulcair sur le sujet entre autres avec Richard Martineau diffusée via QUB radio :

Le «monarque» de l'éducation

Selon la députée libérale Marwah Rizqy, le rôle des DG s'apparentera dorénavant à celui d'un «ménestrel», un jongleur du roi, auprès du «superministre» Bernard Drainville. «C'est sûr qu'ils vont devoir dire la même chose que lui parce que sinon, ils seront limogés, croit-elle. Avec ce projet de loi, on n'a plus de D.G. qui risque d'oser parler si jamais une orientation du gouvernement n'est pas réaliste sur le terrain. Habituellement, l'adage dit : On ne mord jamais la main qui nous nourrit». 

On assiste a une centralisation jamais vue du réseau scolaire, estime le député péquiste Pascal Bérubé. Alors que l'Angleterre couronnera cette semaine son nouveau roi, le réseau de l'éducation du Québec aura lui aussi son «monarque», sans contre-pouvoir, «qui va régner comme on n'en a jamais vu sur le réseau», a-t-il ironisé. 

La députée solidaire Ruba Ghazal cherche encore dans le texte législatif des solutions à la pénurie de main d'oeuvre et des mesures pour donner plus de services aux enfants. «On éloigne encore plus les décisions du terrain et des élèves», a-t-elle déploré.

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