Un Québécois a profité de sa présence à Londres, non pas pour célébrer le couronnement du nouveau roi Charles III, mais bien pour manifester contre la monarchie en compagnie de centaines d'Anglais.
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«La couronne impériale britannique et la couronne canadienne ont causé des torts irréparables au peuple québécois, aux Acadiens, aux Métis, aux Autochtones. Et ces exactions, ses dictats constitutionnels successifs, ce sont des choses qu’on n’oublie pas, ou du moins qu’il ne faut pas oublier», a lancé d’emblée Maxime Laporte avocat constitutionnaliste et président du Mouvement Québec français (MQF).

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Déjà en Angleterre pour des raisons personnelles, l’ancien président général de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) s’est présenté à Londres samedi avec l’intention de joindre sa voix aux manifestations contre la monarchie qui se tenaient au Trafalgar Square, à un peu plus d’un kilomètre de la cérémonie de couronnement à l’Abbaye de Westminster.

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Sur les lieux, la foule de manifestants du groupe Republic était «compacte, [...] contenue, encerclée par les policiers», a relaté l’avocat, qui a tenté de se mêler au groupe aux pancartes jaunes fluo «abolissons la monarchie».
Les deux camps se répondaient, en scandant consécutivement «Long live the king» («Longue vie au roi») et «Not my king» («Pas mon roi»), dans un climat tendu.

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Car un peu plus tôt, avant même que la cérémonie commence, le meneur du mouvement Republic, Graham Smith, a été arrêté avec cinq autres militants tandis que des «centaines de pancartes» ont été saisies, a rapporté l’AFP.

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- Écoutez l'entrevue avec Maxime Laporte, avocat constitutionnaliste et président du Mouvement Québec Français (MQF) à l’émission de Sophie Durocher via QUB radio :
Machine de répression
«On sent toute une machine de répression qui s’est mise en branle, et je trouve ça particulièrement choquant puisqu’il s’agissait de manifestants pacifiques, a martelé Maxime Laporte. Pour un début de règne, ça fait pas mal dur.»
À son avis, il serait grand temps pour le Québec de se distancier de la monarchie, ou du moins d’avoir «un débat de fond sur la nature de notre régime politique».

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«Et surtout, sur la question de savoir qui est notre souverain. Est-ce que c’est Charles III, roi du Canada et du Québec, ou est-ce que ça ne devrait pas être le peuple québécois? Pour moi, la démocratie suggèrerait que le dernier mot devrait revenir au peuple québécois», a-t-il ajouté.
Mouvement anti-monarchie : des répercussions jusqu’au Canada
La vague anti-monarchie qui frappe actuellement le Royaume-Uni pourrait d’ailleurs avoir des répercussions jusqu’au Canada, selon un constitutionnaliste.
«Si le Canada n’agit pas, il va se retrouver avec un trône vide comme chef d’État. Il va être de plus en plus isolé», a lancé André Binette, auteur du livre La Fin de la monarchie au Québec.
Le Canada risque éventuellement d’être le seul pays d’Amérique à être une monarchie constitutionnelle et même le seul membre du Commonwealth aux côtés du Royaume-Uni, a avancé le président fondateur de la Coalition pour la République du Québec.
- Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec André Binette, constitutionnaliste sur QUB radio:

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Un référendum sur la question monarchique est prévu d’ici deux ans en Jamaïque. Parallèlement, le mouvement républicain prend de plus en plus d’ampleur en Australie et en Nouvelle-Zélande.
«Le problème au Canada, c’est que la monarchie est centrale à la constitution et que la constitution est verrouillée. Mais la question va tout de même se poser de plus en plus», a soutenu Me Binette.
Selon lui, «le multiculturalisme et l’immigration canadienne ne sont pas compatibles avec la survie de la monarchie». Il estime donc que si la monarchie n’est pas abolie d’ici la fin de la décennie, cela se fera certainement dans la prochaine.
«La monarchie est condamnée. Ce n’est pas du tout un renouveau, c’est l’accentuation du déclin de la monarchie à laquelle on assiste», a affirmé Me Binette.