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ChatGPT: des profs de cégep et des chargés de cours tirent la sonnette d’alarme

Alors que la session collégiale tire à sa fin, des profs de cégeps et des chargés de cours tirent la sonnette d’alarme: avec l’apparition de ChatGPT, plusieurs signalent une «explosion» des cas de tricherie, si bien que la fédération qui les représente réclame «d’urgence» un moratoire afin de freiner le développement de l’intelligence artificielle. 

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La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), qui représente la majorité des profs de cégep et des chargés de cours universitaires de la province, lance un «cri d’alarme».

Des enseignants ont rapporté au cours de la session d’hiver «une quantité incroyable de cas de plagiat qui deviennent de plus en plus difficiles à détecter», affirme sa présidente, Caroline Quesnel.

«Ç’a été comme une explosion», lance-t-elle.

 

Difficile à prouver

Mais en raison des règles en vigueur dans les établissements, il est difficile de prouver hors de tout doute qu’il y a eu tricherie puisque l’efficacité des logiciels de détection est limitée.

Ces logiciels reposent sur des probabilités et ne constituent pas «une preuve solide», indique Marianne Di Croce, enseignante de philosophie au Cégep de Saint-Jérôme, qui a eu recours à ces outils pour monter un dossier disciplinaire de plagiat, puisqu’elle soupçonnait fortement l’utilisation d’intelligence artificielle par un de ses étudiants lors d’un travail de mi-session.

«C’est très lourd comme processus. Et quand on sait qu’il y a des capsules qui circulent sur Tik Tok qui montrent comment contourner [les logiciels de détection], c’est très préoccupant», dit-elle.

L’enseignante s’inquiète notamment des risques entourant la capacité à réfléchir et à maîtriser la langue si les étudiants ont massivement recours aux robots conversationnels.

  • Écoutez l'entrevue avec Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec sur QUB radio :  

La valeur des diplômes en jeu

Mme Quesnel craint aussi que l’intelligence artificielle «favorise les raccourcis dans les apprentissages» et s’inquiète de la «valeur des diplômes» qui seront décernés.

Alors que se déroule lundi à Montréal une journée de réflexion sur l’intelligence artificielle en enseignement supérieur qui réunit plusieurs centaines de participants, la FNEEQ-CSN réclame un moratoire sur le développement de l’intelligence artificielle.

L’objectif: envoyer un «message fort aux étudiants» afin de leur rappeler que la tricherie n’est pas tolérée, et susciter une «prise de conscience collective» explique sa présidente, qui souhaite la tenue d’un forum plus large sur la question.

Balises communes réclamées

Mme Quesnel réclame par ailleurs l’établissement de balises communes dans le réseau collégial et universitaire. «On a besoin d’une cohésion, dit-elle. Présentement, chaque enseignant est pris pour gérer ça et on est dans une zone grise», déplore-t-elle.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, affirme qu’il est toutefois trop tôt pour dire si elle s’engagera dans cette voie. «On se positionnera quand on aura le portrait actuel», a-t-elle indiqué lors d’un entretien avec Le Journal.

La journée de réflexion qui se déroule lundi est «une première étape» qui mènera à un chantier plus large sur la question, dit-elle.

La ministre estime que l’imposition d’un moratoire «serait pratiquement impossible», puisque «les technologies sont déjà là».

Il faut plutôt prendre «le temps de réfléchir pour voir comment on peut encadrer l’intelligence artificielle de manière responsable», afin que ces outils «ne viennent pas se substituer à la qualité de la formation», mais puissent plutôt «enrichir les pratiques d’enseignement», dit-elle.

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