L'association d'écrivains Pen America et le géant de l'édition Penguin Random House ont porté plainte mercredi contre les autorités d'un comté de Floride accusées de «censurer» dans leurs écoles les livres portant sur le racisme ou l'identité de genre.
La plainte, déposée dans un tribunal fédéral, reproche aux autorités scolaires du comté de Escambia d'avoir «retiré des bibliothèques des écoles publiques ou restreint l'accès de livres (...) en raison de désaccord avec les idées exprimées dans ces livres».
Or, leurs décisions ont «visé de manière disproportionnée des livres sur ou écrits par des personnes de couleur ou LGBT», écrivent les plaignants, pour qui cette politique viole à la fois la liberté d'expression et le principe de non-discrimination.
«Les livres ont la capacité d'améliorer la vie et les étudiants méritent d'avoir un accès égalitaire à différents points de vue. La censure (...) est une menace pour la démocratie et nos droits constitutionnels», a commenté Nihar Malaviya, PDG de Penguin Random House dans un communiqué.
«Nous défendons nos auteurs, nos livres, les enseignants, les bibliothécaires et les parents qui défendent la liberté d'expression», a ajouté le patron de la maison d'édition, qui publie plusieurs des ouvrages dans le viseur des autorités à Escambia, dont «L'Oeil le plus bleu» de la lauréate afro-américaine du Nobel de littérature Toni Morrison.
Les bibliothèques américaines, surtout celles situées en milieu scolaire, ont été emportées ces dernières années dans la «guerre culturelle» menée par les conservateurs américains contre ce qu'ils appellent la «bien-pensance» ou le «wokisme».
Parents et élus conservateurs ont multiplié les actions pour interdire les ouvrages traitant du racisme, des questions sexuelles ou de genre. De juillet 2021 à décembre 2022, Pen America a recensé 4000 décisions distinctes de retrait d'un titre controversé, avec une majorité des cas au Texas et en Floride.
Dans cet État, le gouverneur républicain Ron DeSantis, qui nourrit des ambitions présidentielles, cherche aussi à interdire les discussions autour de ces sujets dans les salles de classe.