La violence est en hausse dans les écoles de la province et le Bas-Saint-Laurent ne fait pas exception puisque les évènements à caractère violent se sont multipliés dans les dernières années, notamment dans la région de Rimouski et de la Mitis.
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Selon des données obtenues par TVA Nouvelles en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, en 2021-2022, 122 incidents violents ont été rapportés au Centre de service scolaire des Phares qui couvre le territoire des municipalités régionales de comté de Rimouski-Neigette et de la Mitis.
L'année précédente, soit 2020-2021, 55 incidents avaient été répertoriés. Ce qui est près du double du nombre d'évènements signalés en 2019-2020, soit 23.
Le Centre de service scolaire des Phares, qui n'a pas voulu accorder d'entrevue à ce propos, a précisé par courriel que «la reddition de compte a changé», et a ajouté que, dans les deux dernières années, la sensibilisation a été accrue et qu'ainsi, cela a «nécessairement entrainé une augmentation des déclarations».
«Des bleus sur les bras»
Le président du Syndicat de l'enseignement de la région de la Mitis (SERM) a assuré que le phénomène prend de l'ampleur.
Le nombre de membres qui interpellent le syndicat pour des cas de violence est en hausse depuis un an. Sans donner de chiffre précis, le syndicat indique que «des dizaines et des dizaines» de rapports d'incident ont été remplis dans les derniers mois.
«J'ai des professeurs qui me disent qu'ils partent avec des bleus sur les bras. Il y a aussi beaucoup de violence verbale», a rapporté Jean-François Gaumond, président du Syndicat de l'enseignement de la région de la Mitis.
Selon le syndicat, les directions d'écoles banaliseraient les cas de violence dans les écoles.
«Il faut mettre de la pression sur nos directions parce qu'elles gèrent des données, des résultats et quand il est question de suspendre un élève, de prendre des mesures, elles ne veulent pas le faire, a expliqué M. Gaumond.
Soit les directions ne font rien ou elles font des interventions mineures.»
Le syndicat déplore que les enseignants soient confrontés à autant de violence alors qu'ils n'ont pas de formation pour y faire face.
«Ça use à long terme. Ça vient atteindre nos membres qui finissent par tomber en arrêt de travail», a ajouté M. Gaumond.

TVA NOUVELLES
Plus de dossiers au DPCP
Le directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de la région de Rimouski-Neigette et de la Mitis observe une augmentation du nombre de dossiers en matière de violence dans un établissement scolaire.
Me Florence Charlebois-Villeneuve indique qu'une quinzaine de dossiers traitant de violence de la part d'élèves envers une figure d'autorité ont été ouverts dans la dernière année.
«Je vois une grosse augmentation dans ces dossiers. [...]. Ce sont beaucoup des cas de désorganisation qui ont entrainé des méfaits ou des voies de fait. On les observe surtout au secondaire, mais aussi au primaire», a expliqué Me Charlebois-Villeneuve, précisant qu'il y a cinq ans, elle ne traitait aucun dossier du genre.
La procureure se dit aussi surprise de voir de plus en plus de jeunes «sans histoire», inconnus du milieu policier se retrouver à l'origine d'évènements violents.
«Il arrive un évènement d'une violence assez élevée ou encore, on trouve des objets dangereux en sa possession, dans son casier. Ce type de dossier là j'en ai eu plusieurs dans la dernière année», a raconté Me Charlebois-Villeneuve.
La procureure raconte que différents objets ont été saisis dans la dernière année comme des canifs, un couteau de 30 cm, des pics à brochette en bois, un pistolet à air comprimé.
Selon la procureure de la Couronne, il est primordial de dénoncer, de porter plainte aux autorités policières lorsque des évènements violents surviennent.
«Ce n'est pas parce qu'on porte plainte qu'on envoie l'adolescent à l'abattoir. Au contraire, on va lui permettre de se comprendre et de s'élever au-dessus de ses problèmes et de s'améliorer. [...] J'ai toujours beaucoup de tristesse quand je réalise qu'un adolescent a commis un crime extrêmement grave et qu'au final, ça faisait deux ans qu'il commettait des gestes de moindre importance. Je me dis que si on était intervenu plus tôt, on aurait peut-être pu amener une solution efficace et éviteempr ça», a-t-elle conclu.

Une stratégie attendue
Devant la montée de la violence en milieu scolaire, le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, s'est engagé à la fin du mois de mars à livrer rapidement un plan d'action pour contrer la violence dans les écoles.
«Ça prend un plan et rapidement. On a besoin que des actions soient prises et que les directions d'école fassent ce qu'elles ont à faire quand il y a des cas de violence», a conclu Jean-François Gaumond.
Le Centre de service scolaire des Phares compte près de 10 000 élèves répartis dans 43 établissements se trouvant sur le territoire des MRC de Rimouski-Neigette et de la Mitis.