BAIE-SAINT-PAUL | Près de trois semaines après les inondations exceptionnelles, des sinistrés de Baie-Saint-Paul ignorent ce qu’il adviendra de leur propriété et commencent à s’impatienter.
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C’est ce qu’ont fait savoir des citoyens de la rue Ménard, située dans le centre-ville, au ministre fédéral Jean-Yves Duclos, qui était de passage vendredi afin de constater les dommages et de s’enquérir des besoins de la municipalité dans ses efforts de reconstruction.
«Nous autres, on a 75 et 70 ans et on ne veut pas être déracinés de notre coin», a calmement exposé Madeleine Desgagnés, dont la maison – qui appartenait autrefois à ses grands-parents – est inhabitable après avoir été envahie par la rivière du Gouffre le 1er mai.
À cet endroit, un mur de protection a cédé sous la force du courant, inondant un quartier résidentiel.
«Merci de ce soutien, mais on veut des réponses rapides, parce qu’on veut savoir où est-ce qu’on s’en va, nous autres. Est-ce qu’on réintègre la maison, on répare, ou si on est ailleurs pour des mois et des mois... ça ne marche pas», a poursuivi Mme Desgagnés, avec son conjoint.

Dominique Lelievre
Jean-Yves Duclos en conversation avec la citoyenne Madeleine Desgagnés.
Aide substantielle
À l’inverse, un autre citoyen, Éric Larouche, voulait savoir ce qu’on pourrait offrir à «ceux qui ne désirent pas rester, qui sont tannés».
«Moi, ça fait quatre [événements] que je vis. Dans le temps, c’était mes parents. Aujourd’hui, c’est moi. J’espère qu’ils vont organiser un système.»
En mêlée de presse, le ministre Duclos a expliqué que le gouvernement fédéral était prêt à fournir «substantiellement» de l’aide à travers deux programmes de financement, mais que c’était «au gouvernement du Québec d’établir ses priorités et ensuite de faire une demande».
«C’est sûr qu’il va y avoir des aides nécessaires pour aider les gens à reconstruire, à se réinstaller, dans certains cas, peut-être à déménager ailleurs», a dit l’élu libéral, disant en avoir parlé le matin même avec Andrée Laforest, ministre québécoise des Affaires municipales.
Il était accompagné de la bloquiste Caroline Desbiens et du conservateur Joël Godin, qui ont insisté sur leur volonté commune de soutenir la population.

Dominique Lelievre
À pas de tortue
Le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, s’est dit conscient que le processus visant à préserver l’avenir des quartiers sinistrés «avance, mais à pas de tortue».
Il veut accélérer le rythme pour trouver «une vitesse de croisière qui soit raisonnable», mais prévient que «c’est quand même de grosses décisions à prendre».
«On l’a vu dans d’autres endroits au Québec, ça a pris des années, puis ça, je trouve que c’est inacceptable. Il faut se mettre à la place des gens qui vivent ce sinistre-là [...] fait que nous, on est en train de travailler pour que la machine s’active.»
Du même souffle, il rappelle qu’il y a un cadre législatif à respecter et des analyses à réaliser. La Municipalité espère recevoir vers la fin de la semaine prochaine les premiers «certificats de dommage» qui lui permettront d’avancer.
M. Pilote a aussi émis le souhait que les normes soient simplifiées pour les projets municipaux visant à prévenir l’érosion des berges, alors que sa Ville a essuyé un refus en mars à la suite d’une requête au gouvernement provincial.
À Ottawa, le Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes est doté d’une enveloppe de 1,3 milliard de dollars sur plusieurs années afin de répondre aux demandes des gouvernements provinciaux, a affirmé M. Duclos.
Ce qu’ils ont dit
«Ça prend du courage et de l’espoir [pour se reconstruire], puis on a convenu qu’on allait être là pour donner courage et espoir aux gens qui ont été affectés par ces terribles inondations.» – Jean-Yves Duclos (PLC), ministre fédéral de la Santé et député de Québec
«Le fait d’être réuni les trois partis ici, ce matin, c’est justement dans l’espoir et dans l’éventualité de pouvoir communiquer plus rapidement, de prendre le pouls de la situation les trois simultanément.» – Caroline Desbiens (BQ), députée de Beauport–Côte-de-Beaupré–Île d’Orléans–Charlevoix
«On comprend la situation que vous vivez, alors on va travailler de concert avec le municipal, le provincial et le fédéral, pour trouver des réponses le plus rapidement possible.» – Joël Godin (PCC), député de Portneuf–Jacques-Cartier
«Je n’ai pas de délai précis [...] mais ce qu’on veut, c’est que ça aille quand même assez rondement pour donner des réponses précises aux gens.» – Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul
«C’est toute une vie. Moi, c’est ma retraite qui était là.» – Éric Larouche, citoyen, au sujet de sa résidence de la rue Ménard qui a été inondée