Le propriétaire du bâtiment qui a dû être démoli d’urgence au 45, avenue Sainte-Geneviève dans le Vieux-Québec se dit «toujours sous le choc» au lendemain des événements. Les voisins, eux, ont peine à croire que c’était imprévisible.
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«C’est un grand deuil pour moi, raconte Jean-François Barré, homme d’affaires qui a acheté l’édifice en 2013. J’avais obtenu les permis de construction et je comptais éventuellement y habiter.»

Photo d’archives – Annie T. Roussel / Le Journal de Québec
Jean-François Barré est propriétaire du 45, avenue Sainte-Geneviève depuis 2013.
C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il avait fait l’acquisition de l’édifice, qui, d’après le registre foncier de la Ville de Québec, a été construit en 1896. Il comptait transformer les six logements qu’on y trouvait en trois habitations, dont une qu’il aurait occupée.
«C’est une immense déception. J’avais acheté cette propriété par amour pour le secteur. Je suis un amoureux du Vieux-Québec et j’y habite depuis plus de 40 ans», fait valoir celui qui est aussi l’administrateur du Pub Saint-Alexandre, sur la rue Saint-Jean.
Surprise totale
Questionné pour savoir si des évaluateurs de la Ville lui avaient fait part de problèmes majeurs dans le passé, M. Barré dit n’avoir jamais entendu parler d’un quelconque risque d’effondrement. Il ne se «souvient pas», non plus, d’avoir fait inspecter le 45, avenue Sainte-Geneviève avant de l’acquérir.
«Ç’a été une surprise totale pour moi hier soir, plaide-t-il. C’est le service de l’ingénierie de la Ville de Québec qui a pris la décision et j’en ai été informé juste avant que les travaux ne débutent.»
Jean-François Barré a également confié que l’idée d’entreprendre des recours à l’endroit de la Ville ne lui «a pas traversé l’esprit».
Voisins incrédules
Informé des dires du propriétaire de l’immeuble résidentiel qui menaçait de s’écrouler, Mario Lafond, un voisin, n’y croit pas une seconde.
«C’est n’importe quoi, peste-t-il. Ça fait 10 ans qu’il a acheté et c’est à l’abandon depuis au moins neuf ans. Il a fait creuser sous le bâtiment pour je ne sais trop quelle raison pendant quelques semaines, puis il a tout crissé ça là.»
Dans les dernières années, M. Lafond et d’autres membres du voisinage ont fait part de leurs inquiétudes grandissantes à la conseillère municipale du secteur et responsable du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Québec, Mélissa Coulombe-Leduc, afin que quelque chose soit fait pour préserver l’édifice historique.
«On est tous estomaqués de voir que ça s’est rendu jusqu’à une démolition sauvage en pleine nuit. Le propriétaire et la Ville ont complètement erré dans le dossier. C’est un crime de démolir une partie du patrimoine mondial de l’UNESCO sans avertissement parce qu’il y a eu de la négligence!»
Inacceptable
Le résident de la rue De Brébeuf, adjacente à Sainte-Geneviève, espère que le propriétaire du terrain «recevra une amende salée» pour avoir laissé «un symbole architectural dépérir de la sorte».
Pour sa part, Mélissa Coulombe-Leduc a réagi, samedi matin, sur les réseaux sociaux, soutenant qu’il était «inacceptable que cette démolition soit devenue inévitable».

Capture d’écran Facebook – Mélissa Coulombe-Leduc
«Est-ce une maison que la ville avait sur son radar? Des avis d’infractions avaient-ils été émis? Depuis quand? Quelle(s) action(s) ont été entreprises? Comment se fait-il qu’on n’ait pas remarqué avant que la structure était devenue fragile à ce point? [...] Ce sont très certainement des questions pour lesquelles il faudra rapidement obtenir des réponses», conclut-elle sur sa page Facebook.