Héma-Québec veut rouvrir ses portes aux ressortissants européens et à certains voyageurs qui veulent donner du sang.
Depuis plus de 20 ans, plusieurs d’entre eux font l’objet d’une restriction liée à la maladie de Creutzfeldt-Jakob, une forme de dégénérescence du système nerveux qui s’avère fatale.
Un changement réglementaire pourrait survenir d’ici la fin de l’année.
En décembre dernier, Héma-Québec levait une importante barrière pour permettre aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes de donner du sang.
La nouvelle approche qui est désormais fondée sur l’évaluation des comportements à risque plutôt que sur l’orientation sexuelle a rendu admissibles des milliers de donneurs potentiels au Québec.
Une autre partie de la population qui était d’emblée exclue des dons de sang peut espérer la même chose. Il s’agit des citoyens qui ont séjourné pendant quelques mois dans certains pays européens dans les années 80 et 90.
Jusqu’ici, ils constituaient un risque de transmission de la variante Creutzfeldt-Jakob, une maladie qui est réapparue en Angleterre à la suite d’une contamination par des produits bovins. Mais ce risque serait aujourd’hui si faible que la restriction n’est plus justifiée a indiqué le vice-président aux Affaires médicales et Innovation d’Héma-Québec, Dr Marc Germain.
«Le risque actuel, on pense qu’il est nul, qu’il est de zéro. Évidemment, on ne peut jamais prouver un risque zéro. On peut toujours dire : peut-être que si on attend 5000 ans, on va avoir un cas», a-t-il expliqué.
Dans le monde, quatre cas de transmission de la maladie par transfusion de produit sanguin sont survenus, tous en Angleterre. L’épidémie a été contrôlée il y a longtemps et les derniers cas diagnostiqués de la maladie remontent à plus de 10 ans.
La restriction visant les ressortissants européens et les voyageurs a été levée aux États-Unis l’an dernier.
Héma-Québec et la Société canadienne du sang travaillent en collaboration pour faire lever la restriction au Canada. D’ici un mois, une proposition sera déposée à Santé Canada. Une réponse favorable pourrait permettre de lever la restriction d’ici novembre prochain, ce qui réjouira certainement plusieurs potentiels donneurs.
«Parmi ce groupe de personnes, on entend souvent au moins des questions, sinon des récriminations à savoir pourquoi cette politique-là? Quand je suis en France, je peux donner du sang, pourquoi je ne peux pas en donner au Québec?», a indiqué le docteur Germain.
Héma-Québec estime que le nombre de donneurs potentiels pourrait augmenter de 1 % à 2 % avec la levée de cette restriction. Cela peut représenter plusieurs centaines de dons par année, ce qui n’est pas négligeable particulièrement quand les réserves de sang diminuent, comme en été.
L’organisation collecte environ 100 000 dons de sang par année.