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Abus sexuels au hockey: action collective de plus de 15M $ déposée contre la LHJMQ

Un ex-hockeyeur qui affirme avoir subi des abus sexuels lors de son passage dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) veut intenter une action collective de plus de 15 M$ contre la Ligue et ses 18 équipes.

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«Avec la connaissance et l’acceptation des adultes qui devaient veiller à son bien-être, il a subi des bizutages, des brimades, et des abus sexuels, physiques et psychologiques», peut-on lire dans la demande déposée ce mercredi au palais de justice de Québec.

Carl Latulippe, 45 ans, y explique avoir joué dans la LHJMQ de 1994 à 1996. Il dit avoir été abusé par des vétérans, dans un autobus, même si des entraîneurs s’y trouvaient aussi, dès son premier camp avec les Saguenéens de Chicoutimi, après avoir été repêché au premier tour.

«Les entraîneurs étaient au courant de ce qui se passait, n’ont pas cessé les abus et, par leur inaction, ont donné le message que ces abus étaient permis, que les abuseurs ne seraient pas punis, et que les recrues n’avaient pas de choix que de les endurer», peut-on lire dans le document de cour.

«Endurer»

M. Latulippe affirme avoir voulu quitter l’équipe, mais sans dire quoi que ce soit «de peur d’être bloqué dans son cheminement futur et [dans] l’atteinte de son rêve pour jouer dans la LNH». Il aurait toutefois été convaincu de réintégrer l’équipe.

«[M. Latulippe] a alors mentionné que les vétérans ne se comportaient pas bien envers les recrues, sans entrer dans les détails, peut-on lire dans la demande. L’entraîneur de l’époque lui a alors répondu qu’il fallait endurer ces comportements, que ceux-ci ne duraient qu’un an et que ça formait le caractère.»

À son retour dans l’équipe, les abus auraient continué, avec des vétérans qui auraient même forcé les recrues à «leur remettre leur paie, sous peine de se faire battre».

M. Latulippe a plus tard été échangé aux Voltigeurs de Drummondville, où d’autres abus seraient survenus.

Traumatisé des arénas

«Les abus subis ont eu un impact sérieux sur sa vie, indique le document de cour. Il a souffert de divers types de séquelles qui sont fréquemment observées chez les survivants d’abus.»

Parmi celles-ci, il donne en exemple une incapacité de remettre les pieds dans un aréna, ou encore son refus que son fils joue aussi au hockey «de peur qu’il subisse les mêmes abus».

Convaincu qu’il n’était pas le seul à avoir vécu ces calvaires, il a ainsi intenté une action collective contre la LHJMQ et ses 18 équipes. La Ligue canadienne de hockey est également visée. Il réclame 15 M$ à partager entre les membres du groupe, ainsi que des montants à verser individuellement.

«[Les organisations] sont solidairement responsables [...] de la création et de la tolérance d’une culture d’abus et de conduite criminelle à l’égard de joueurs mineurs qui comptaient [sur elles] pour veiller à leur bien-être», accuse M. Latulippe dans le document de cour.

Réactions dans le milieu

Un autre ancien joueur de la LHJMQ, Yanick LeHoux, évoluant à l'époque pour le Drakkar de Baie-Comeau, dit avoir été victime d'intimidation et de gestes dégradants lors de son passage dans la ligue. Il dénonce les gestes allégués contre Carl Latulippe, mais se demande si poursuivre la ligue s'agit de la méthode la plus efficace.

«Rapidement, je serais porté à dire que si quelqu'un m'a fait quelque chose à moi et que ça mérite d'être poursuivi, probablement que je le ferai envers cette personne-là. [...] On pourrait nommer plein d'exemples où il y a 30 ans, c'était des exemples de la vie de tous les jours, et aujourd'hui, ça n'aurait pas de bon sens», ajoute-t-il.

La LHJMQ a réagi en fin d'après-midi mercredi en indiquant «prendre les allégations de maltraitance très au sérieux et condamne la conduite des individus ou des équipes qui ont agi de façon inappropriée. Une enquête indépendante est en cours».

La ministre responsable du Sport, du Loisir et du Plein air, Isabelle Charest, sans commenter directement le recours collectif a eu ce commentaire. «Ce qui est important, c'est de dire aux victimes de dénoncer. De voir si c'est avec la police ou le système judiciaire pour dénoncer», indique-t-elle.

D’anciens gardiens de but ont été appelés à réagir au dépôt de cette action collective. C’est le cas d’Éric Fichaud, qui a œuvré dans la LHJMQ avant de faire le grand saut dans la LNH.

«Effectivement j’ai eu vent des allégations entourant le dossier des initiations dans la LHJMQ. Je peux confirmer que je n’ai jamais été témoin des actions ou des pratiques inacceptables évoquées. Je suis de tout cœur avec les personnes qui auraient pu vivre de telles situations et j’invite les gens à dénoncer de tels actes. Personne ne devrait vivre et garder sous silence des gestes aussi inadmissibles», a-t-il soulevé à notre journaliste Yves Poirier.

La demande sera prochainement présentée à un juge de la Cour supérieure du Québec, qui devra donner son autorisation avant que l’action collective puisse aller de l’avant.vra donner son autorisation avant que l’action collective puisse aller de l’avant.

L'action collective s'adresse aux victimes potentielles depuis 1969 jusqu'à ce jour. 

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