Une quinzaine d’infirmières du bloc opératoire au CHUS Fleurimont de Sherbrooke sont sorties devant l'hôpital mercredi pour lancer un cri du cœur. Le manque de personnel commence à peser très lourd sur leurs épaules, elles s'attendent à l’une des pires crises dans leur département depuis plus d’une décennie.
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«Nous sommes présentement 24 infirmiers et infirmières pour effectuer le travail de 75, c’est inacceptable!» a lancé Nadia Stéphanie Ouellet.

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L’infirmière qui compte 20 ans d’expérience au bloc opératoire a pris la parole devant les médias au nom de ses collègues de département, dont la plupart étaient autour d’elle lors de son discours.
«Ça fait longtemps qu’on pense à sortir publiquement pour dénoncer nos conditions de travail, mais on n’avait pas le courage nécessaire.
La goutte qui a fait déborder le vase c’est quand on a reçu les horaires d’été, a mentionné Mme Ouellet. Malheureusement, nous ne possédons pas les effectifs nécessaires pour ouvrir un nombre suffisant de salles d’opération pour la période estivale.»

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Elle affirme que depuis six mois, les membres de son équipe ont effectué 800 heures de temps supplémentaire, dont 224 ont été imposées: «Chaque semaine, une personne quitte en maladie ou en épuisement».
«C’est le plus beau métier du monde. Les conditions sont horribles, mais ce qu’on a la chance d’apporter aux gens c’est incroyable», dit une infirmière du groupe.
«Moi je suis un peu découragée, ajoute une autre. C’est moi qui forme les nouvelles infirmières au bloc opératoire et puis c’est difficile d’être convaincante et de dire que j’aime mon travail avec nos conditions actuelles.»
Pour la présidente de la FIQ-Estrie, Stéphanie Goulet, la solution au manque de personnel passe par une amélioration des conditions de travail:
«Maintenir les services actuels avec les ressources qu’on a, ça devient impossible. Il va finir par y avoir malheureusement des situations où les patients vont potentiellement tragiquement décéder par manque de personnel ou parce qu’il y a du personnel épuisé au travail».
Actuellement, plus de 1600 Estriens attendent une chirurgie depuis plus d’un an. Il y a deux semaines, le ministre de la Santé Christian Dubé a ciblé un objectif régional de diminuer ce nombre à 216 d’ici la fin de l’année 2024.
«C’est irréaliste, commente Nadia Stéphanie Ouellet. Peut-être que d’autres endroits au Québec vont réussir à atteindre leur objectif, mais pas ici, pas avec le manque de personnel qu’on a.»