La pénurie de main-d’œuvre dans le réseau scolaire du Québec a forcé le gouvernement à embaucher plus de 30 000 enseignants non qualifiés, ce qui plombe la qualité des services éducatifs au primaire et au secondaire.
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Plus du quart du personnel enseignant qui a oeuvré durant l’année scolaire 2020-2021 n'était pas légalement qualifié. Ce sont majoritairement des suppléants et près de 27 000 d‘entre eux n’avaient aucune autorisation pour enseigner.
«Le ministère ne dispose d’aucune information sur leur profil scolaire», signale le rapport du vérificateur général déposé à l’Assemblée nationale jeudi. Ces derniers ont travaillé 8,3% des jours totaux par l'ensemble des enseignants.
La vaste majorité des 3778 autres profs non légalement qualifiés détenaient un baccalauréat ou une maîtrise provenant d’une autre discipline que l’enseignement.
«Malgré les signes annonciateurs de cette pénurie, le ministère de l’Éducation et les Centres de services scolaires (CSS) audités ne disposent pas d’une information complète et fiable sur les causes ni sur les enjeux qui y sont liés», relate l’équipe de la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.
Les données concernant le nombre de postes à pourvoir, le nombre d’enseignements non légalement qualifiés et celles sur le taux de rétention sont manquantes ou incomplètes au ministère de Bernard Dainville, note-t-elle.
Celui-ci peine à recevoir les données complètes des CSS.
En parallèle, les Centres de services scolaires ne connaissent pas les raisons des départs ni le profil scolaire des milliers d’enseignants non légalement qualifiés.
- Écoutez l'entrevue avec Mylène Leroux, professeure à l’Université du Québec en Outaouais à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :
Piètre qualité de l’enseignement
Principal constat : les actions du ministère et des CSS sont insuffisantes afin d’assurer la qualité de l’enseignement.

Photo d'archives, Agence QMI
«La diminution de la qualité de l’enseignement et des services donnés aux élèves» est notamment due au «nombre élevé d’enseignants non légalement qualifiés», ont analysé Mme Leclerc et son équipe durant les travaux qui se sont étendus du 1er juillet 2019 au 20 juin 2022.
Il y a ainsi une diminution de la cohérence des interventions auprès des élèves à cause des nombreux changements d’enseignants durant l’année scolaire.
Un accroc qui nuit particulièrement aux enfants ayant un handicap ou en difficulté d’apprentissage et d’adaptation.
Bref, les problèmes liés à la gestion de classe s’accentuent.
Résultats : «augmentation de l’insécurité, de l’insécurité et de l’anxiété des élèves.»
Le rapport du VG critique l’absence d’un plan global. Bien que des initiatives ont été mises de l’avant pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, elles ont surtout été «gérées à la pièce», sans la mobilisation de tous les acteurs.