Un boulanger ou un assistant dentaire n’aura pas à démontrer la même maitrise du français qu’un diplômé universitaire pour immigrer au Québec, en vertu des nouvelles règles annoncées aujourd’hui par le gouvernement Legault.
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Québec fait le ménage dans les programmes d’immigration, dans le but d’atteindre, à terme, une immigration économique 100% francophone.
Deux scénarios sont envisagés par le gouvernement Legault concernant les seuils d’immigration: soit maintenir le statu quo à environ 50 000 immigrants annuellement ou les hausser graduellement vers une cible de 60 000 d’ici 2027.
L’essentiel de cette immigration économique est constitué du Programme régulier des travailleurs qualifiés, qui permet aux entreprises de recruter environ 30 000 employés à l’étranger chaque année.
Alors que les connaissances linguistiques constituaient jusqu’ici seulement un des éléments permettant d’obtenir des points dans la grille de sélection, la maitrise du français sera désormais obligatoire.
Jusqu’ici, un candidat à l’immigration pouvait être accepté sans aucune compétence en français. Par exemple, un jeune professionnel dans un champ recherché, marié et père de deux enfants, aurait pu obtenir suffisamment de points pour être accepté.
Ce cas de figure constituait environ 12% des personnes acceptées.
Une exception demeure pour les talents exceptionnels, notamment les scientifiques, artistes ou sportifs de haut niveau: Carey Price, par exemple, n’aurait pas été soumis à ce nouveau régime.
- Écoutez l'entrevue avec Christine Fréchette, ministre de l’immigration du Québec sur QUB radio :
Niveaux différents selon la profession
Toutefois, la maitrise du français pourra varier en fonction des professions. Pour le moment, Québec exige des connaissances linguistiques de niveau 7, soit un niveau comparable à celui nécessaire pour accéder au cégep.
Sous la nouvelle formule, baptisée Programme de sélection des travailleurs qualifiés, les emplois classés dans les catégories 0, 1 et 2 devront avoir un niveau 7 à l’oral, mais seulement de 5 à l’écrit. Cela inclut, par exemple, les postes de gestion, ceux nécessitant un diplôme universitaire et certaines professions issus du collégial, comme les techniciens en réseaux informatiques.
Les autres emplois (classés 3, 4 et 5 dans la Classification nationale des professions) pourront être acceptés avec uniquement une maitrise de niveau 5 à l’oral, sans exigences à l’écrit. Il s’agit notamment d’assistants-dentaires, de gardiennes d’enfants et de manœuvres.
- Écoutez l'entrevue avec Monsef Derraji, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’Immigration et leader parlementaire du PLQ à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :
Révision du PEQ
Le Programme de l’expérience québécoise subit également des révisions, après une réforme controversée dans les dernières années.
Désormais, Québec n’exigera plus une expérience de travail après des études en français sur le territoire québécois.
Un francophone de l’étranger qui étudie ici en anglais sera aussi admissible au PEQ, s’il a étudié trois années en français au secondaire ou au niveau post-secondaire.
Autrement dit, le programme revient à une approche similaire à celle qui prévalait avant la réforme du ministre Simon Jolin-Barrette, en ajoutant toutefois des exigences sur langue de Molière.
Plus de détails suivront...