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35 ans de conflits et de trahisons pour les Hells Angels de Québec

Les Hells Angels de Québec célèbrent ce week-end leurs 35 ans d’existence, parfois ponctués de conflits sanglants et de trahisons impardonnables, mais souvent marqués par de percutantes rafles policières que notre Bureau d’enquête vous relate en huit moments forts.

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La SQ casse le party

Le 26 mai 1988, les motards Vikings de la Rive-Sud deviennent officiellement les Hells Angels du chapitre de Québec. Un mois plus tard, les Hells organisent un rassemblement monstre et des courses de motos à la piste d’accélération de Pont-Rouge où ils attendent 8000 visiteurs, la fin de semaine de la Saint-Jean-Baptiste. Mais la veille de l’événement, la Sûreté du Québec joue les rabat-joie en passant les menottes à trois de leurs membres fondateurs pour trafic de stupéfiants. «Ils vont finir par nous laisser tranquilles à un moment donné», déclare alors au Journal de Québec leur «porte-parole», Marc Pelletier. Quatre mois plus tard, la SQ mène plutôt une retentissante descente au bunker des Hells, à Saint-Nicolas, que les policiers investissent à coups de chargeur hydraulique et de grenades lacrymogènes.

Les Hells ont organisé un rassemblement de milliers d’amateurs de moto en juin 1988 à Pont-Rouge. Les Hells Daniel Beaulieu et Alain Harton ont été arrêtés la veille de cet événement.

/ QMI

Les Hells ont organisé un rassemblement de milliers d’amateurs de moto en juin 1988 à Pont-Rouge. Les Hells Daniel Beaulieu et Alain Harton ont été arrêtés la veille de cet événement.

30 millions $ de coke dans l’océan

En août 1993, trois Hells Angels de Québec sont épinglés par la Gendarmerie royale du Canada pour avoir organisé l’une des plus ambitieuses importations de drogue dans l’histoire du pays, avec le caïd mafieux Raynald Desjardins. Dans les jours précédents, le bateau qui revenait du Venezuela avec leur cocaïne – 740 kg – cachée à l’intérieur de tuyaux d’égout, avait subi une panne de gouvernail et s’est mis à dériver au large de la Nouvelle-Écosse, incitant l’équipage en panique à larguer la cargaison d’une valeur de plus de 30 millions $ dans l’océan Atlantique. Richard «Bob» Hudon, Daniel «Capoté» Beaulieu et André «Zoune» Imbeault ont ensuite écopé de peines variant entre 10 et 13 ans de pénitencier. 

Les tuyaux pleins de cocaïne ont été repêchés par les forces armées en 1994.

Courtoisie

Les tuyaux pleins de cocaïne ont été repêchés par les forces armées en 1994.

Un spaghetti avant de tirer

Le 17 décembre 1996, le tueur à gages Gérald Gallant est attablé au Resto-Broue à Québec. Les Rock Machine l’ont embauché pour éliminer des membres full patch des Hells Angels alors que la guerre des motards fait rage au Québec. Gallant déguste calmement un plat de spaghetti en observant le Hells Bruno «Cowboy» Van Lerberghe, assis à une autre table. «Quand j’ai vu que j’étais prêt (...), j’ai mis ma petite paire de gants noirs. Là, je me suis dirigé vers la sortie où il était assis. Lorsque je suis arrivé à côté de lui, (...) je l’ai tiré. Plusieurs coups. Je suis sorti tranquillement», a-t-il déclaré aux policiers après être devenu délateur en 2006.

Les ambulanciers n’ont pu réanimer le Hells Van Lerberghe, abattu par Gérald Gallant

Leopold Rousseau / Le Journal de Quebec

Les ambulanciers n’ont pu réanimer le Hells Van Lerberghe, abattu par Gérald Gallant

«Allez-vous-en !»

C’est ce que scandent un millier de manifestants qui défilent courageusement devant le repaire des Hells Angels à Saint-Nicolas, le 16 mars 1997. Cinq mois plus tôt, l’explosion d’une bombe des Rock Machine près de la forteresse des Hells avait endommagé plusieurs résidences avoisinantes et semé la crainte dans le quartier. Le 21 novembre suivant, les policiers chassent les Hells de leur bunker en vertu d’un avis d’éviction. Puis, en 2003, au terme d’une saga judiciaire, la Cour supérieure ordonne la confiscation de l’emblématique bunker à la toiture rouge au profit du gouvernement, qui procédera à sa démolition le 24 novembre de la même année. 

Les citoyens de Saint-Nicolas avaient manifesté devant le bunker des Hells, qu’on voit en arrière-plan.

Photo d’archives, Le Journal de Québec

Les citoyens de Saint-Nicolas avaient manifesté devant le bunker des Hells, qu’on voit en arrière-plan.

Président menotté

Le soir du 2 juillet 1997, Marc «Tom» Pelletier, alors passé de «porte-parole» à président des Hells de Québec, est escorté hors de chez lui avec les menottes aux poignets par les policiers après avoir été trahi par l’un de ses partenaires d’affaires. Dans les heures précédentes, Pelletier a transigé cinq kilos de cocaïne avec un criminel sans se douter que ce dernier travaillait secrètement pour la police. Lors de la même enquête antidrogue baptisée Capucin, cet agent civil d’infiltration permettra aussi l’arrestation de trois autres membres des Hells et du propriétaire d’une petite compagnie d’aviation impliqué dans l’importation de cocaïne.

Marc Pelletier s’était fait piéger dans une transaction de cocaïne.

Photo d’archives Le Journal de Québec, Daniel Mallard

Marc Pelletier s’était fait piéger dans une transaction de cocaïne.

Impitoyable purge interne

Le 15 avril 1999, la police fait une macabre découverte sur les berges du fleuve, à quelques kilomètres de l’ancien bunker des Hells de Québec, à Saint-Nicolas. C’est le cadavre ligoté et mutilé de Scott Steinert, un membre des Hells de Montréal qui était disparu depuis un an et demi. Un autre ancien porte-couleurs des Hells, Sylvain Boulanger, aidera la police à éclaircir le mystère en 2007 après être devenu délateur. Il expliquera qu’à l’automne 1997, Steinert et son garde du corps ont été convoqués au repaire des Hells à Sorel où ils ont été tués à coups de marteau avant que leurs corps ficelés avec du ruban adhésif soient jetés dans le fleuve. Malgré plusieurs hypothèses, le mobile de cette purge interne demeure nébuleux.

Les Hells n’ont eu aucune pitié pour leur ex-confrère Steinert.

Courtoisie

Les Hells n’ont eu aucune pitié pour leur ex-confrère Steinert.

Un air menaçant

Claude Berger n’était pas membre des Hells Angels de Québec, mais c’est tout comme. Porte-couleurs des Hells de Sherbrooke, il résidait dans la capitale où il était trompettiste dans l’Orchestre symphonique de Québec. En mai 2002, le juge Jean-Pierre Dumais l’a cité à procès dans une affaire d’extorsion et de voies de fait à Québec. Les deux hommes se sont ensuite croisés dans un magasin Réno-Dépôt où Berger a dit au magistrat : «Mon ostie, m’as t’avoir !». Il a aussi tenté d’obtenir l’adresse du juge qui avait fait livrer ses achats à domicile. Berger a écopé de 15 mois de prison en 2004. Plus récemment, il jouait des airs aux touristes comme musicien de rue devant le Château Frontenac.

Claude Berger

Journal de Quebec

Claude Berger

Ti-Dayle, le délateur

Le 16 février 2012, le chapitre de Québec des anges de l’enfer» encaisse l’acte de trahison ultime commis par l’un de ses propres porte-couleurs. Dayle Fredette, un full patch depuis 1999, confirme qu’il tourne sa veste pour devenir délateur de l’opération SharQc et dénoncer tous ses anciens frères d’armes qui ont fait la guerre des motards à ses côtés. Celui qu’on surnommait «Ti-Dayle se reconnaît alors coupable de meurtre, lui qui a admis avoir participé à six meurtres, dont trois où les motards ont tué des innocents. L’opération SharQc a aussi paralysé les activités du chapitre de Québec des Hells entre 2009 et 2017 puisque tous ses membres ou presque se retrouvaient derrière les barreaux.

Devenu délateur, Fredette a dû faire enlever ses tatouages à l’effigie des Hells.

Courtoisie

Devenu délateur, Fredette a dû faire enlever ses tatouages à l’effigie des Hells.

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