Une consommation excessive de cannabis et sa légalisation pourraient exacerber la crise de santé mentale chez les jeunes adultes, selon une étude de l’Institut national de la Santé au États-Unis publiée ce mois-ci.
«Pour toutes les personnes que j’ai diagnostiquées avec un trouble psychotique, je ne peux pas penser à une seule personne qui n’était pas aussi positive pour le cannabis», déclare le Dr Ryan Sultan, psychiatre à New York.
M. Sultan, aussi professeur à une clinique de psychiatrie au Centre médical Columbia Irving, est un expert qui est très préoccupé par la consommation en hausse du cannabis par les adolescents et les jeunes adultes, selon les informations de NBC News.
Les preuves sont de plus en plus nombreuses que consommer de la marijuana peut entraîner des troubles psychotiques, tels la dépression, problèmes de bipolarité et la schizophrénie, principalement avec les jeunes hommes, selon le Dr Sultan.
Ceux qui utilisent le cannabis de façon récréative ont deux à quatre fois plus de chances de développer des troubles psychotiques, incluant la dépression et les problèmes suicidaires, contrairement aux personnes qui ne l’utilisent pas du tout, selon l’étude de Sultan.
«C’est un problème urgent, pas juste parce que plus de personnes fument la marijuana, mais plus parce que plus de personnes la consomment de façon nocive avec une énorme concentration de THC», exprime la directrice de l’Institut national sur l’abus des drogues, Dr Nora Volkow, en entrevue avec le média NBC.
Une des études par des chercheurs au Danemark, en collaboration avec l’Institut national de la santé au États-Unis, prouve qu’il y a une association entre le trouble lié à la consommation de cannabis et la schizophrénie autant pour les hommes de 21 ans à 30 ans, que pour les femmes.
Depuis la légalisation du cannabis, la consommation quotidienne de marijuana des jeunes adultes a atteint des records avec plus d’une personne sur 10, selon la recherche publiée dans le journal Psychological Medicine, sur 7 millions d’hommes et de femmes au Danemark.
Le lien entre la marijuana et les troubles psychotiques est controversé. Les recherches sont encore trop incertaines de savoir si les personnes qui ont déjà ou vont développés une condition psychotique ont plus de chance de se tourner vers le cannabis pour s’automédicamenter ou le cannabis alimente les problèmes mentaux.
Cependant, selon Dr Deepak D’Souza, psychiatre à l’Université de Yale qui a étudié le cannabis pendant 20 ans, il y a trop de preuves pour ignorer le problème.
«Nous sous-estimons grossièrement les risques potentiels associés au cannabis», insiste-t-elle.
Dr D’Souza est très inquiète pour la santé mentale des jeunes adultes qui consomment excessivement le produit.
«C’est une préoccupation massive. Nous avons été terriblement incapables d’éduquer le public et d’influencer la politique», précise-t-elle.
Quel est l’âge le plus vulnérable ?
Les recherches prouvent que le cerveau humain est le dernier organe à se développer entièrement et ne se termine pas avant le milieu de la vingtaine.
De là où, les adolescents seraient encore plus vulnérables aux effets du cannabis avec leur cerveau en développement.
«Le moment idéal pour considérer l’utilisation du cannabis est à partir de 26 ans», ajoute le Dr Sultan.
Ceux qui attendent jusqu’à l’âge de 26 ans pour en consommer sont moins propices de devenir accros ou de développer des troubles mentaux, selon un spécialiste en dépendance à la Children's Hospital à Boston, Dr Sharon Levy.