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«La petite sirène»: «Halle Bailey est faite pour le rôle d’Ariel» - Rob Marshall

Halle Bailey dans le rôle d'Ariel dans le film «La petite sirène».

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY ENTERPRISES

Halle Bailey dans le rôle d'Ariel dans le film «La petite sirène».

Dès l’annonce du choix de Halle Bailey en nouvelle Ariel dans cette version de La petite sirène en prises de vues réelles, les internautes s’étaient déchaînés, répandant leur haine dans tous les réseaux sociaux. Imperturbable, mais secoué et toujours incrédule, Rob Marshall revient sur la controverse et défend bec et ongles cette nouvelle version.

«C’est une controverse archaïque», dit Rob Marshall, invité à donner son sentiment devant le tollé que soulève toujours une Ariel afro-américaine, parfaitement incarnée par Halle Bailey, chanteuse, compositrice et actrice de 23 ans.

«Je ne pouvais pas croire qu’il y avait encore des discussions, en 2023, sur la couleur de peau des acteurs. Une chose à laquelle je n’avais pas pensé à ce moment-là est le fait de voir toutes ces petites filles et ces petits garçons de couleur regarder Ariel et se dire qu’ils sont représentés et cela m’émeut profondément. J’en suis donc très fier.»

Halle Bailey dans le rôle d'Ariel dans le film «La petite sirène».

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Halle Bailey dans le rôle d'Ariel dans le film «La petite sirène».

«Lorsque nous nous sommes mis à la recherche d’Ariel, je n’avais pas d’objectif, je n’avais pas l’intention de donner le rôle à une jeune femme de couleur. Mon but était de trouver la meilleure actrice possible. Nous avons vu des centaines et des centaines de femmes pour Ariel et Halle s’est imposée tout de suite.»

«Halle est une Ariel parfaite. Elle a tout de la sirène, elle a une voix extraordinaire, elle possède la vulnérabilité, la force, la passion et la profondeur du personnage. J’aime également le fait qu’elle ait l’air de venir d’un autre monde, son visage est presque éthéré. Elle est faite pour ce rôle», a indiqué le cinéaste.

«Et ce qui est ironique de cette controverse, c’est que le scénario aborde les préjugés, parle du fait qu’il ne faut pas avoir peur de la différence. Dans La petite sirène, Ariel n’a pas peur du monde des humains et elle fait tout pour construire un pont entre les deux univers, le marin et l’humain, au lieu de construire un mur. C’est un message fort, amplifié par le choix de Halle.»

Un «remake» très techno

Rob Marshall est un habitué des comédies musicales, l’homme nous a donné Chicago, Pirates des Caraïbes: la fontaine de Jouvence ou encore Mary Poppins est de retour. Mais, avec La petite sirène, c’est la première fois qu’il plonge autant dans un univers fait d’effets visuels, un défi pour lequel il s’est retroussé les manches.

Car la majeure partie de La petite sirène se déroule dans les fonds marins, dans le royaume des sirènes – en anglais, le réalisateur utilise le terme «merpeople» afin d’englober les hommes et les femmes – sur lequel règne Triton (Javier Bardem), ce qui a immédiatement soulevé quantité de questions techniques et logistiques.

«Techniquement, c’était un film tellement compliqué! J’ai décidé de démarrer ce projet comme tous les autres, en faisant répéter les acteurs sur le plancher des vaches. Nous pouvions discuter de la scène, voir ce que nous voulions faire, apporter des correctifs ou des ajustements. Puis – et c’est là que c’est fou –, les acteurs prenaient place dans des harnais. Nous avons utilisé une quantité et une variété impressionnantes de harnais. Nous avions des filins, d’énormes grues avec des bras pivotants au bout desquels les acteurs sont placés et qu’une dizaine de cascadeurs doivent actionner, des appareils donnant l’impression de voler, etc. Tout a été fait sur des fonds et des écrans bleus [NDLR: les décors ou différents éléments visuels étant ajoutés en postproduction], mais c’était incroyablement complexe.»

«Le plus dur pour les acteurs a été d’apprendre la partie technique de leurs rôles. Ce sont des rôles qui exigent énormément de force musculaire puisqu’il bougeait de haut en bas et d’avant en arrière. Je voulais que tous les acteurs se sentent confortables avec la partie technique et qu’elle leur vienne naturellement pendant le tournage. J’ai eu tellement de chance d’avoir une distribution aussi athlétique», explique-t-il.

Melissa McCarthy en méchante sirène...

Ursula, la sirène, sœur de Triton, qui rêve de conquérir l’Atlantide est fidèle au personnage du dessin animé. À l’écran, Melissa McCarthy a donc d’immenses tentacules au milieu desquelles elle se meut avec une aisance confondante... allant même, le temps d’une chanson, jusqu’à déposer son menton au creux de ses appendices ondoyants.

Melissa McCarthy dans le rôle d'Ursula dans le film «La petite sirène».

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Melissa McCarthy dans le rôle d'Ursula dans le film «La petite sirène».

Rob Marshall n’est pas avare de détails quand vient le temps d’expliquer la manière dont l’actrice de Bridesmaids s’est jetée à corps perdu dans ce rôle exigeant.

«Vous savez, nous avions une équipe de danseurs qui manipulaient les tentacules comme des marionnettes. Melissa avait donc tous ses tentacules autour d’elle, et ce, dès les répétitions. Elle était donc constamment consciente de l’espace dont elle disposait, du mouvement des tentacules et de la manière dont elle pouvait les utiliser. Le moment dont vous parlez précisément, lorsqu’elle met son visage sur ses tentacules, a été possible grâce au travail des danseurs/marionnettistes. Évidemment, ces "vrais" tentacules sont ensuite effacés au montage et remplacés par ce que l’on voit dans le film, avec des ventouses iridescentes».

«En plus des éléments du décor sous-marin, c'est-à-dire les poissons, la mer, etc., tous les acteurs avaient des casques sur la tête de manière à pouvoir ajouter les cheveux en postproduction, et même leurs costumes ont été ajoutés après le tournage», a-t-il indiqué.

Un changement de paradigme

Rob Marshall s’est attaché – et c’est un autre reproche souvent entendu – à rendre de nombreux éléments animaux et végétaux réalistes. Ainsi les deux amis d’Ariel, tant le crabe Sebastian (voix de Daveed Diggs dans la version originale) que Scuttle (voix de Awkwafina), le Fou de Bassan, ont perdu leur aspect fantaisiste du film d’animation.

«J’espère que le film aura l’air vrai pour un jeune public, a souligné le réalisateur. Pour moi, la chose la plus importante est que le spectateur soit profondément relié aux personnages afin qu’il se soucie de son évolution, qu’il fasse attention à son cheminement. Faire du cinéma est, pour moi, suivre l’histoire et s’y investir, sans égards aux effets spéciaux. Mon but est donc de faire en sorte que le public ne voie pas la technologie, que tout ait l’air aussi naturel qu’une danse de Fred Astaire. On ne voit pas le travail, on ne voit que la beauté. Mais on est ému, on aime Éric et Ariel et on veut qu’ils réussissent.»

«Jamais je n’aurais pu réaliser La petite sirène si je n’avais pas fait tous mes films précédents. C’était un projet monumental, incroyable par bien des aspects pour lequel j’ai passé quatre ans et demi à travailler. Oui, ça m’a pris beaucoup de temps. Ce que j’ai appris pendant La petite sirène? À créer un monde comme celui-là et aussi à le rendre naturel. Parfois, je disais "action" et nous ne tournions qu’une ou deux répliques. Puis, il fallait changer les harnais et les appareils de traction pour le mouvement suivant. C’était d’un compliqué!» a-t-il détaillé.

«Nous avons utilisé une technologie appelée Anima qui permet de mettre les visages des acteurs sur un corps d’effets spéciaux, ce qui a évité les scènes trop complexes, voire impossibles, à filmer. Le tournage a ressemblé à une mosaïque, tout était défini d’avance et planifié à l’extrême. Je crois que ma formation de chorégraphe m’a énormément aidé, car, pour moi, ce film est un ballet.»

La petite sirène éclabousse les écrans des salles obscures dès le 26 mai.

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