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Le PLQ ne reprendra pas le pouvoir... sans avoir réglé sa crise d'identité

La CAQ vient d’avoir une autre semaine « horribilis » au pouvoir : problèmes de gestion des transports ; invraisemblable volte-face sur l’immigration.

Pour les libéraux réunis en conseil général à Victoriaville aujourd’hui, cela aura l’effet d’un remontant. L’armure du géant caquiste se craquelle. Les fissures n’ont pour l’instant rien d’énorme, mais c’est mieux que rien.

Un ancien ministre de l’ère Charest, dans un courriel, m’a déjà écrit : « La CAQ n’est pas éternelle [...] l’usure du pouvoir [viendra]. Cela finira un jour. » À ce moment, « le PLQ sera là [...] pour récupérer ses électeurs, avec un chef qui sera à la hauteur des attentes du moment. »

Crise d’identité

Un nouveau chef peut changer bien des choses. Mais pour que le PLQ profite du jeu de l’alternance, cette figure de proue devra incarner une vision extrêmement forte.

Assez pour surmonter la crise d’identité peu commune que ce parti traverse. Pour le comprendre, il faut lire le texte de Jérôme Turcotte, publié dans La Presse d’hier.

Cet ancien président de la Commission politique du PLQ (2014-2016), et ex-directeur des politiques d’Anglade, explique pourquoi il dit « Au revoir, PLQ ». « Orphelin politique » est désormais son étiquette.

À ses yeux, le PLQ d’aujourd’hui est traversé par un courant « canadianisant » qui accepte le Dominion tel qu’il est. Défenseur des minorités, le PLQ « semble avoir perdu de vue » que le Québec en est une et que sa différence contribue à « la diversité culturelle à l’échelle mondiale ».

Proposer un « fédéralisme renouvelé », comme au temps de Ryan ou Bourassa, le PLQ en est devenu incapable. À force de se voir comme un strict « véhicule d’endiguement de la menace référendaire », il a oublié les défauts qu’il a si souvent reprochés à ce pays.

« Héritier d’une histoire coloniale, le fédéralisme canadien [...] a cette façon d’invisibiliser la réalité nationale du Québec et de centraliser toujours davantage de pouvoirs », écrit Turcotte très justement.

Succursale

Ce dernier insiste : pour « faire face au gouvernement étroit, suffisant et paternaliste de la CAQ, le Québec a besoin de tout sauf d’une succursale provinciale du PLC ou d’une version édulcorée du Parti égalité ».

Il a raison de s’inquiéter. Près d’une dizaine de ses élus actuels ont un lien profond avec le Parti libéral du Canada. Désirée McGraw (Notre-Dame-de-Grâce) a annoncé publiquement avoir repris sa carte du PLC.

La co-présidente du Comité sur la relance du PLQ, Madwa-Nika Cadet, était, avant de devenir députée de Bourassa-Sauvé, au cabinet du ministre fédéral F.-P. Champagne.

Aussi membre du comité de relance, la présidente de la Commission-Jeunesse du PLQ, Laurence Lefebvre, est actuellement conseillère pour Sean Fraser, ministre de l’Immigration de Justin Trudeau.

Elle a admis, lors d’une entrevue au Journal, être en conflit d’intérêts lorsque le PLQ ou les jeunes du PLQ se prononcent sur les questions d’immigration. Elle ne peut quand même pas critiquer le ministre pour lequel elle travaille !

Cet enchevêtrement PLQ-PLC est un retour à une époque antérieure à celle de Georges-Émile Lapalme. Cela n’augure rien de bon électoralement pour ce parti qui fut l’« épine dorsale de notre histoire politique » (pour citer Turcotte).

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