Un Gatinois qui pensait être subtil avec un pistolet chargé n’a pas pu invoquer le profilage racial comme défense parce qu’un policier au centre-ville de Montréal avait tout simplement reconnu la forme de l’arme dans son sac en bandoulière.
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«Bien que [Mohammed] Hizebry croie avoir été ciblé à cause de la couleur de sa peau et de son apparence physique générale, la preuve établit plutôt que ces éléments n’ont aucunement influencé l’agent Degand», a indiqué la juge Lori Renée Weitzman dans une récente décision.

Photomontage Le Journal, capture d’écran d’une vidéo déposée en preuve
L’accusé réclamait que la preuve retenue contre lui lors de son arrestation le 31 mai 2019 soit exclue, lui qui soutenait qu’il avait été arrêté arbitrairement.
Or, la juge a déterminé que les policiers avaient les «motifs raisonnables» de croire que l’accusé de 26 ans était en possession d’une arme à feu, comme la vigilance d’un agent avait permis de remarquer le relief d’un pistolet.
«Le témoignage de l’agent Degand est catégorique. Selon la forme de l’objet dans la sacoche, il peut voir qu’il s’agit d’une arme pointée vers le bas, le canon vers la gauche, la culasse vers le bas et la poignée vers le haut, à droite», a indiqué la juge.
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Grande expérience
C’est que le policier avec 18 années de service possède «une grande expérience en matière d’armes», lui qui a notamment donné des cours de tir dans le passé, en plus d’avoir passé un cours de la Gendarmerie royale du Canada «en lien avec les méthodes de détection d’individus en possession d’armes à feu».
Il a alors tout de suite tenté d’intercepter Hizebry, lui demandant de révéler le contenu de son sac, ce que le suspect a refusé.
«Le suspect fait un geste comme s’il s’apprêtait à lui fournir une pièce d’identité, mais il part en courant», relate la décision.
Le policier s’est alors mis en chasse de Hizebry, en prévenant ses policiers que ce dernier était armé.
Dans sa fuite, qui a été filmée, l’accusé a été vu en train de se débarrasser de la sacoche en bandoulière.
«Elle contient un pistolet de calibre 9 mm, un chargeur contenant neuf balles, deux documents au nom de M. Hizebry et deux petits sachets contenant chacun une petite quantité de cannabis», a précisé la juge Weitzman.
Il l’avait camouflée, prétend l’accusé
Lors de l’audition de la requête pour exclure la preuve, l’accusé a témoigné du profilage racial qu’il dénonçait avoir subi.
Il a dit avoir trouvé cette arme à feu la veille, dans un stationnement.
«Il ne savait pas encore ce qu’il allait en faire, mais prévoyait s’en débarrasser. Il a expressément placé l’arme dans sa sacoche de façon à la camoufler», a rapporté la juge, ajoutant qu’elle ne croyait pas ces prétentions.
«Alors que le profilage racial soit, hélas, une réalité omniprésente, généralement dissimulée et souvent niée par les forces de l’ordre, en l’espèce, aucun élément de preuve ne soutient une telle allégation», a soutenu la juge Weitzman.
Selon elle, le policier a agi en toute légalité en raison du «danger posé par la possession d’une arme à feu dans une foule au centre-ville».
Mohammed Hizebry doit revenir pour la suite des procédures en juillet prochain, au palais de justice de Montréal.