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Meurtre de Patricia Sirois à Saint-Raymond: Martin Lévesque aurait été victime de «dissociation»

Souffrant d’un trouble de stress post-traumatique sévère, Martin Lévesque était convaincu que quelqu’un lui voulait du mal et aurait tué sa voisine Patricia Sirois lors d’un épisode de «dissociation», en 2021 à Saint-Raymond.

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C’est la théorie qui a été mise de l'avant lundi par l’expert de la défense, le psychiatre Gilles Chamberland, qui a produit un rapport après avoir rencontré à trois reprises l’accusé, lors du procès pour meurtre de Lévesque au palais de justice de Québec.

Selon cette expertise, le militaire à la retraite souffrait d’un trouble de stress post-traumatique sévère hérité de ses missions de combat et de «réactions dissociatives aiguës», un mécanisme de protection développé en réponse aux événements traumatisants et insupportables qu’il a vécus.

Cet état temporaire pouvait l’amener à perdre la conscience des gestes qu’il est en train de poser, même dans des moments banals de son quotidien.

Gilles Chamberland, psychiatre et Me Pierre Gagnon, avocat de la défense.

Dominique Lelievre

Gilles Chamberland, psychiatre et Me Pierre Gagnon, avocat de la défense.

Paranoïaque

À la suite d’un incendie inexpliqué sur son terrain, il aurait développé, en plus, un trouble délirant de type «persécution». 

Dans les semaines précédant le drame, il avait la conviction qu’une personne «lui voulait du mal» et est «rapidement devenu paranoïaque», selon le rapport.

Sa perception «qu’il allait être victime d’un événement de façon imminente» se renforçait de jour en jour.

Le quinquagénaire, qui plaide la non-responsabilité criminelle, dormait de moins en moins afin de monter la garde sur son terrain, négligeait de prendre sa médication afin de rester plus alerte et prenait plus d’alcool pour diminuer son anxiété. 

La soirée fatidique du 10 septembre 2021, Martin Lévesque était probablement «hypervigilant, comme en mission, prêt à réagir à l’attaque qu’il appréhendait», selon le rapport.

«Inévitable»

L’accusé aurait eu l’impression que le véhicule conduit par la victime menaçait de renverser sa conjointe dans la rue.

Ceci aurait plongé Lévesque dans un autre épisode de dissociation et l’aurait ramené à ses instincts de militaire, lui qui était entraîné à dégainer son arme et à éliminer la menace à l’instant où elle est détectée.

«C’est son identité [de] militaire qui réagit», a illustré M. Chamberland.

Agissant sous une forme de «pilote automatique», l’accusé aurait été «incapable d’empêcher ce qui s’est produit, étant donné qu’il n’en était pas conscient», selon son rapport.

Dans le feu de l’action, il ne se serait pas posé la question de savoir si son acte était bon ou mauvais.

«C’est à peu près inévitable que si cet individu-là est convaincu que sa conjointe se fait écraser, il y a un danger [...], il va dissocier parce que c’est trop et là, le réflexe va rentrer», a expliqué l’expert.

Le témoignage du spécialiste va se poursuivre mardi avec le contre-interrogatoire de la poursuite.

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