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«Homicide involontaire» de Rebekah Harry: «Elle ne méritait pas ça» témoigne son père en larmes

Dix-huit mois après la mort de sa fille battue à mort par un conjoint violent, le père de Rebekah Harry reste inconsolable et continue de revivre le jour fatidique où son « petit bébé » est décédée, a-t-il témoigné à la cour tandis que celui qui a commis cet «homicide involontaire» a écopé d'une peine de 14 ans d'incarcération.

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«Elle ne méritait pas ça. Elle était défigurée par les blessures, dans le coma. J’étais perdu, je priais pour qu’elle revienne, pour un miracle, qu’elle ressuscite. Mais il n’y en a pas eu. J’ai perdu quelque chose en moi ce jour-là, et ce sentiment perdure encore aujourd’hui. Personne ne peut comprendre cette douleur sans l'avoir vécue. Tous les jours, je pense à elle, je l'aimais tellement...», a témoigné en pleurs Ian Harry, ce mardi au palais de justice de Montréal.

Le fils de la victime avait aussi un message pour sa mère qui a été lu dans la salle de cour.

«Maman, je t’aime beaucoup, je pense à toi, je m’ennuie et nous sommes de meilleurs amis pour la vie, affirme-t-il. J'espère que tu t’amuses au paradis. Tu seras dans mon cœur pour toujours.»

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Assis dans le box des accusés, Brandon McIntyre, le colosse de 34 ans, a gardé la tête basse en écoutant ces vibrants témoignages en mémoire de Rebekah Harry, une «femme forte, combattante, qui a tout fait pour essayer de survivre».

Après les avoir entendus, l’homme qui a plaidé coupable à une accusation d’homicide involontaire a éclaté en sanglots et a décidé de prendre la parole.

«Je suis vraiment désolé pour mes gestes, dit-il. J’ai des remords. Je prends 100% des responsabilités.»

C’est que le 20 mars 2021, il avait tué sa conjointe Rebekah Harry en s’acharnant sur elle, sous les yeux d’une ex-conjointe qui se trouvait sur place.

«[La victime] ne se défendait pas, elle essayait juste de se protéger», avait lancé la jeune femme, que l’on ne peut identifier sur ordre de la cour, lors d’une audience en décembre 2021.

McIntyre avait lancé la jeune femme contre une bassinette et s’était mis à la cogner au visage et à lui piétiner les côtes, alors qu’elle tentait tant bien que mal de se protéger en position fœtale.

«Elle lui dit : “[...] bébé s’il te plaît arrête. Pourquoi tu fais ça ? Arrête, s’il te plaît”», a raconté l’ex-conjointe de McIntyre, ajoutant s’être fait repousser quand elle a tenté d’intervenir.

Brandon Mcintyre, coupable d’homicide involontaire pour avoir battu sa conjointe Rebekah Harry, 29 ans, le samedi 20 mars 2021 à LaSalle. Elle est décédée trois jours plus tard. PHOTO FACEBOOK

Photo tirée de Facebook

Brandon Mcintyre, coupable d’homicide involontaire pour avoir battu sa conjointe Rebekah Harry, 29 ans, le samedi 20 mars 2021 à LaSalle. Elle est décédée trois jours plus tard. PHOTO FACEBOOK

«Traumatisant»

Le 911 a finalement été appelé, mais le violent batteur de femme a exigé que son ex mente en prétendant que Mme Harry avait été battue par une autre personne.

Mme Harry est décédée peu après, des suites de ses blessures.

«L’événement a été difficile, traumatisant, pour les proches de Mme Harry», a souligné Me Jasmine Guillaume de la Couronne.

Pour des proches de la victime, ce féminicide leur a rappelé que la violence conjugale pouvait avoir des conséquences tragiques, d’autant plus que l’enfant de la victime a perdu sa mère.

«Dès le jeune âge, tout le monde devrait être éduqué sur cet enjeu», a écrit un proche dans une lettre où il promet qu’elle ne sera pas morte en vain.

La famille de Rebekah Harry lors du retour en cours de l’accusé Brandon McIntyre concernant le 7e féminicide de l’année, au Palais de Justice de Montréal, à Montréal, mercredi le 21 avril 2021. Sur cette photo: Sarah-Lisa Harry (soeur), Ian Harry (père) et Teddy Harry (frère). 
JOEL LEMAY/AGENCE QMI

Photo Agence QMI, Joël Lemay

La famille de Rebekah Harry lors du retour en cours de l’accusé Brandon McIntyre concernant le 7e féminicide de l’année, au Palais de Justice de Montréal, à Montréal, mercredi le 21 avril 2021. Sur cette photo: Sarah-Lisa Harry (soeur), Ian Harry (père) et Teddy Harry (frère). JOEL LEMAY/AGENCE QMI

Accusation réduite

Or, si McIntyre était d’abord accusé de meurtre non prémédité, il a finalement eu l’accord de la Couronne pour plaider coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire.

«Dans le cas présent, la preuve démontrait que monsieur avait certainement l’intention de causer des lésions à madame, mais pas l’intention de causer la mort», avait expliqué Me Guillaume afin d’expliquer les raisons de l’accusation réduite.

Sauf que pour le père de la victime, si McIntyre allait un jour sortir de prison, lui, ne pourra jamais revoir sa fille.

«Ça lui brise le cœur», a souligné la procureure.

Me Guillaume et Me Kaven Morasse de la défense, qui officie avec Me Victoria Niix, ont présenté une suggestion commune de 14 ans d'incarcération au juge Marc-André Blanchard, qu'il a entériné, mardi après-midi. 

Si l'accusation de meurtre avait été retenue et qu'il avait été reconnu coupable, il aurait automatiquement écopé de la prison à vie.

«Nous sommes conscients que ça ne ramènera pas la vie chère [de la victime] à ses proches», a souligné la Couronne.

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