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«In english only»: une jeune femme dénonce des formations en anglais seulement chez Air Canada

Des formations données à Montréal pour devenir agent de bord au sein d’Air Canada ne sont offertes qu’en anglais dénonce une jeune femme qui a finalement décidé de poursuivre son rêve de carrière ailleurs.

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«J’ai été vraiment déçue d’Air Canada. Je pensais qu’ils allaient être beaucoup plus ouverts. À Montréal, je devrais avoir le droit d’avoir mes cours en français», témoigne une femme de la Rive-Sud qui a requis l’anonymat pour ne pas nuire à sa future carrière dans le domaine.

La jeune femme de 19 ans a suivi au cours ces dernières semaines des formations à Montréal pour devenir agente de bord chez Air Canada Rouge, la filiale à bas coût d’Air Canada. 

Lorsqu’on lui a annoncé qu’elle allait pouvoir suivre ses formations dans la métropole québécoise ce printemps, elle s’est réjouie, convaincue que les cours allaient se dérouler dans sa langue maternelle.

Elle s’est malheureusement trompée: «Ils m’ont dit non! Il n’y a aucune possibilité de l’avoir en français pour Air Canada Rouge.»

Celle qui a échoué à ses examens pour devenir agente de bord, raconte qu’il était difficile pour elle d’apprendre par cœur des procédures parfois très techniques, comme l’évacuation de l’avion, dans sa deuxième langue.

«Par exemple, il fallait que tu apprennes exactement [en anglais] les mots de la procédure d’urgence pour ouvrir la porte de l’avion. Il fallait que tu dises exactement ce qu’ils voulaient, sinon tu te faisais mettre dehors. Je l’aurais mieux retenu si ça avait été en français», ajoute celle qui se débrouille assez en anglais pour travailler dans ce domaine. 

  • Écoutez l'entrevue avec Tania Longpré, doctorante et enseignante et consultante en francisation à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :

Personne pour la donner en français

Contactée par Le Journal, Air Canada a fait son mea culpa.

«On a des instances de formation qui n’ont été disponibles qu’en anglais, essentiellement parce qu’on manquait d’instructeurs pour donner la formation en français», a d’entrée de jeu justifié Christophe Hennebelle, vice-président des communications de l’entreprise.

Il précise que ce problème ne touche que la filiale Air Canada Rouge et que les formations sont selon lui disponibles dans les deux langues pour être agent de bord chez Air Canada.

«C’est quelque chose qu’on a constaté effectivement ces derniers temps, mais je ne saurais pas vous dire à combien de temps ça remonte, ajoute M. Hennebelle. On est en train de travailler très rapidement pour corriger ça le plus vite possible afin d’avoir les formateurs disponibles pour le faire également en français», fait-il valoir.

«C’est une priorité pour nous que nos employés puissent travailler dans les deux langues officielles, et, en particulier, qu’ils puissent travailler en français au Québec», a ajouté M. Hennebelle.

Au cours des dernières années, Air Canada a été au centre d’une multitude de controverses linguistiques pour son non-respect du français, alors que l’entreprise est soumise à la Loi sur les langues officielles.

Interpellé par Le Journal lundi, le Commissariat aux langues officielles n’avait pas encore réagi lors de la mise en ligne de ce texte.

Quant à l’aspirante agente de bord, elle compte tenter à nouveau sa chance de réaliser son rêve de devenir agente de bord chez Air Transat, où elle pourra selon elle suivre les formations en français.


AIR CANADA VIOLE-T-ELLE LA LOI FÉDÉRALE?

Selon Air Canada, sa filiale Air Canada Rouge n'est pas soumise à la loi sur les langues officielles à laquelle elle doit en partie se conformer. Or, selon Pierre Foucher, spécialiste des droits des minorités linguistiques au Canada, les filiales ont les mêmes obligations linguistiques depuis une modification de la loi sur sa privatisation durant les années 2000. Si la loi prévoit seulement qu'Air Canada doit offrir des services dans les deux langues, le fait d'offrir des formations aux futurs employés dans une seule langue est une «violation indirecte de la loi» selon M. Foucher, car elle offrira des services qui ne seront pas bilingues.


ET LA LOI 96?

Comme entreprise de compétence fédérale de 50 employés et plus, Air Canada est soumise à la loi 96 du Québec à laquelle elle a décidé de se plier vers la fin du mois de mars. La porte-parole Chantal Bouchard a souligné que la loi obligeait les entreprises à rendre disponibles en français les formations destinées à leur personnel. Comme le prévoit la loi 96, Air Canada a entamé une démarche de francisation avec l'OQLF afin que le français soit la langue utilisée au sein de son entreprise.

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