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«J’ai honte de mon pays» : la famille du Saguenéen tué par balle au Mexique brise le silence

«Il prenait soin des gens autour de lui et il prenait le temps. C’était le boute-en-train de la famille. C’était le bébé.» La famille de Victor Masson est toujours chamboulée par son décès. Pour la première fois mardi, les proches ont brisé le silence, racontant le fil des événements depuis la terrible nouvelle.

C’est William Masson qui a reçu l’appel, lui indiquant la mort de son frère, quelques heures après les événements survenus au Mexique. «Le lundi 15 mai, à 8h00, Eiva m’appelle pour me dire que Victor n’était pas à leur hôtel. Elle, elle avait dormi à l’hôtel de ses cousins. On s’est dit que Victor était peut-être parti prendre une marche. Finalement, vers 15h, elle a l’information que tout porte à croire que Victor est décédé, à la suite d’un corps retrouvé qui correspondait à sa description physique et que son passeport a été retrouvé sur les lieux», explique-t-il.

William Masson était alors chez sa mère. «Quand j’ai eu l’information, tu frappes un mur... Tu te questionnes, comment tu dis ça à une mère qu’elle a perdu son garçon de 27 ans? », se rappelle-t-il. C’est lui qui a eu la lourde tâche d’apprendre la triste nouvelle à son frère ainé, qui travaillait à ce moment dans le nord du Québec. 

Les deux frères ont rapidement pris les choses en main et se sont rendus sur place, au Mexique, malgré les dangers potentiels. La mère, dévastée et inquiète, est restée au Saguenay.

Les frères avaient pour mission de rapatrier le corps et tenter d’en apprendre davantage sur les circonstances entourant la mort de Victor Masson. «J’y vais, c’est sûr et je ramène mon petit frère à la maison», explique avec émotion, Edouard Masson.

Ils sont arrivés à Puerto Escondido, dans l’État d’Oaxaca, le 17 mai au matin. Rapidement, ils ont fait face aux difficultés qui les attendaient.

Lors de leur déplacement au Mexique, les frères déplorent le manque de soutien de la part du gouvernement et de l’ambassade canadienne. Ils n’ont jamais eu accès à un transport ou à un hébergement sécuritaire. « Pendant la nuit qu’on était au Airbnb, Edouard et moi, on se relayait. En taxi, on demandait de se stationner plus loin, pour être sûr que personne ne nous suivait», relate William Masson. Le duo ne s’est également pas fait offrir les services d’un traducteur pour bien comprendre les enquêteurs. L’ambassade canadienne a toutefois fourni une liste d’avocats, mais la plupart ne se trouvaient pas dans le même État. C’est la tante d’Eiva Castillo, avocate, qui leur a prêté main forte.

Très peu de détails sur les développements de l’enquête

La famille déplore aussi le manque d’informations quant aux développements de l’enquête. Deux semaines après s’être rendus sur place, les deux frères n’ont pas plus d’information que lorsqu’ils étaient sur place. «On sait que notre petit frère était avec 4 individus qui l’empêchaient de partir de sa soirée. Ensuite, il a appelé Eiva pour lui faire part qu’il était en danger possiblement, mais tout de suite après, il lui a demandé s’il pouvait aller la rejoindre avec ses amis, donc elle s’est dit, c’est réglé. Après, on n’a plus eu de nouvelles», raconte William Masson.

«Le secteur où mon frère est allé, c’est comme le vieux Québec, c’est très touristique. Le secteur où il a été retrouvé, à trois kilomètres de là, ce n’est pas un secteur que tu vas par pur plaisir. Victor n’aurait pas été là de plein gré, c’est sûr et certain», assure Edouard Masson.

Un suspect a été arrêté récemment. La famille espère que l’enquête permettra de prouver qui est le responsable de la mort de Victor Masson. «Est-ce vraiment lui ? C’est l’enquête (qui va le dire). On n’a pas eu de vidéo nous confirmant tout ça », a dit William Masson.

Ils s’inquiètent aussi de ne toujours pas avoir accès au rapport officiel du coroner. Ils souhaitent également obtenir les bandes audios des appels 911 que Victor a lancés, quelques minutes avant de mourir. «Un appel à 1h30 du matin et un autre à 1h37, donc un 6 minutes très grand, un appel très long. Mon frère a eu le temps de parler longtemps. Je trouve ça inacceptable et aberrant qu’on n’ait pas accès à ces appels-là. D’autant plus que la répartitrice qui a pris l’appel de notre frère ne veut pas parler (aux enquêteurs). Ce sont les dernières paroles de mon frère qu’on entendrait à jamais», espère son frère ainé.

La famille a trouvé une vidéo et des notes prises dans le téléphone de Victor, grâce au nuage iCloud. Ces informations ont été transmises aux enquêteurs. Le cellulaire, à l’heure actuelle, n’a toujours pas été retrouvé.

Toute cette histoire est un véritable cauchemar pour sa conjointe, Eiva Castillo. Victor Masson et elle étaient en voyage d’amoureux au Mexique, son pays d’origine. « J’ai la honte de mon pays. Victor a toujours voulu tout me donner. Il m’a fait un cadeau et une semaine et demie plus tard, il est tué, dans mon pays », témoigne avec émotion son amoureuse.

Le rapatriement du corps a été complexe en raison d’erreurs dans certaines documentations. «Initialement, si on n’y allait pas, notre frère aurait été enterré rapidement au Mexique, n’aurait pas été rapatrié au Canada. Il fallait y aller», raconte Edouard Masson.

La famille affirme qu’elle est maintenant en mesure de débuter tranquillement son deuil. Les funérailles de Victor Masson auront lieu ce vendredi à Chicoutimi.

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