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Langues officielles: le nombre de plaintes contre Air Canada explose en 10 ans

Un sommet de plaintes en dix ans. Voilà l’effet de la loi canadienne sur une entreprise comme Air Canada, qui semble toujours incapable de respecter la loi sur les langues officielles.

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«Les 276 plaintes recevables qui visent Air Canada cette année représentent un sommet sur 10 ans, si l’on fait abstraction de celles, très nombreuses, provoquées en 2021-2022 par le discours en anglais que son président-directeur général a prononcé au Québec», note le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, dans un rapport publié mardi.

Rappelons que plus de 2 833 plaintes avaient été reçues l'année du discours en anglais prononcé par le PDG d’Air Canada devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en novembre 2021.

Mardi, «Le Journal» rapportait que même des formations données à Montréal pour devenir agent de bord au sein d’Air Canada ne sont offertes qu’en anglais.

  • Écoutez l'entrevue avec Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :

Invitée à réagir au rapport, Air Canada s'est dite «fière d’offrir des services dans les deux langues officielles du Canada».

«Nous prenons actuellement connaissance du rapport et sommes attentifs à toutes les occasions d’améliorer notre pratique», a-t-on assuré au «Journal».

«Peu de grandes entreprises canadiennes, dont aucun autre transporteur aérien, sont assujetties à cette exigence», s'est justifiée la société.

Air Canada a dit prendre au sérieux chacune des plaintes, mais a voulu les relativiser.

«Il est important de noter que pour l'année visée par le rapport, Air Canada a transporté 40 millions de passagers qui ont en moyenne 4-5 interactions avec nous», a-t-on conclu.

Problème «systémique» dans la fonction publique

Le nombre de plaintes lié au bilinguisme dans l’affichage de postes au sein de la fonction publique fédérale a plus que triplé par rapport à l’année dernière, passant de 204 plaintes à 714 en l’espace d’un an.

«Il s’agit d’un manquement sérieux», constate le commissaire aux Langues officielles Raymond Théberge dans son rapport annuel déposé mardi.

Selon la loi sur les Langues officielles, les fonctionnaires fédéraux francophones possèdent divers droits linguistiques, comme celui d’être supervisé, de s’exprimer dans les réunions ou encore de rédiger des documents en français.

Or, il arrive souvent que les postes qui requièrent en théorie la maîtrise du français soient pourvus par des unilingues anglophones, ou alors que l’affichage de ces postes mette la maîtrise de l’anglais comme obligatoire et du français comme facultative.

Une institution fédérale qui ne prend pas au sérieux le critère du bilinguisme dans l’affichage de postes prendre le risque «d’affaiblir sa capacité à mettre en place un milieu de travail bilingue et à offrir des services en français et en anglais de qualité au public», explique le commissaire.

Ce problème «systémique» l’a suffisamment tracassé pour qu’il en fasse le sujet d’un rapport spécial en 2020, dans lequel il enjoignait le Secrétariat du Conseil du Trésor à «réviser ses politiques» pour mettre fin au problème «d’ici novembre 2022».

En réponse, le Secrétariat s’est attaqué au dossier en mettant sur pied un «groupe de travail» qui a déposé «une stratégie» en décembre 2022.

«J’aurais nettement préféré que cette date marque la fin de la mise en œuvre du plan [...] plutôt que le début», écrit M. Théberge.

«Plusieurs de ces constats ne sont nullement nouveaux. Le recul du caractère prioritaire des langues officielles dans l'appareil fédéral, noté par le commissaire, ne l'est pas non plus», a réagi la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada, Liane Roy.

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