Martin Lévesque était pacifique dans sa vie «civile», mais son délire l’empêchait de voir clair au moment de faire feu sur sa voisine Patricia Sirois, a maintenu mardi le psychiatre Gilles Chamberland lors de son contre-interrogatoire.
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Le représentant du ministère public, Me Matthieu Rochette, a essayé de soulever plusieurs contradictions apparentes entre le contenu du rapport du Dr Chamberland, l’expert de la défense, et la preuve produite au procès de Lévesque, à Québec.
Dans son rapport, le psychiatre souligne qu’il est à première vue «difficile de comprendre comment un homme qui semble toujours avoir été pacifique et qui évitait les conflits a pu agir ainsi».
Pourtant, quelques semaines avant le meurtre, Martin Lévesque avait confessé des idées «suicidaires et homicidaires» à sa thérapeute, s’est interrogé Me Rochette.
Pour Dr Gilles Chamberland, ces deux faits ne sont pas incompatibles et démontrent l’état de «dissociation» dans lequel l’accusé était lors des événements, en 2021 à Saint-Raymond.

Dominique Lelievre
Gilles Chamberland, psychiatre et Me Pierre Gagnon, avocat de la défense.
Menace irrationnelle
Selon sa théorie, le militaire à la retraite avait la conviction irrationnelle et inébranlable que quelqu’un lui voulait du mal et pensait à tort que la victime était une menace pour sa conjointe.
«Quand on est militaire, quand on a vécu des choses comme il a vécu, c’est très difficile de revenir à une vie civile» de telle sorte que «plus il va être souffrant, plus il va être menacé, plus il va retomber dans ce qui amenait chez lui les réflexes de se protéger», a affirmé le psychiatre.
Quand Martin Lévesque demande à un policier de lui tirer dessus, hurle qu’il est coupable et récite une prière, lors de son interpellation, «c’est sûr que dans sa tête, il n’a pas fait quelque chose de bien», a émis le psychiatre.
Mais cela ne revient pas à dire que Lévesque savait qu’il avait fait quelque chose de mal, a-t-il précisé.
Selon lui, l’ancien militaire a toujours eu du mal à vivre avec le fait d’avoir abattu des ennemis dans sa carrière de soldat et était donc bouleversé d’avoir fait feu contre une citoyenne, bien que dans son esprit il n’avait «pas le choix» d’agir.

Dominique Lelièvre
Sylvain Faucher, expert en psychiatrie et Me Matthieu Rochette, avocat de la Couronne.
Consommation d’alcool
La consommation d’alcool de l’accusé et sa conjointe la journée du drame a aussi retenu l’attention.
Dans un interrogatoire policier, celle-ci aurait déclaré: «Malheureusement, cette journée-là, on était sur la brosse, cela ne serait pas arrivé sinon.»
Le juge a prévenu les jurés que cette affirmation n’a pas été prouvée pendant le procès et qu’ils ne peuvent donc pas en tenir compte.
Le Dr Chamberland a tout de même émis l’opinion qu’avec les informations disponibles, rien ne laisse croire que Lévesque avait un problème d’alcool ou qu’il en aurait consommé en quantité suffisante pour expliquer un «blackout».
Mercredi, ce sera au tour de la Couronne de faire témoigner son expert, le psychiatre Sylvain Faucher.