La décision du fédéral de vendre 20% des terres de l'ancien quartier militaire de Sainte-Foy à trois communautés innues enrage les Hurons-Wendat, qui récoltent les 80% restants, mais qui devront revoir complètement le projet résidentiel et commercial qu’ils avaient concocté avec la Ville de Québec.
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«Une mauvaise décision», une «erreur monumentale», annoncée «de façon cavalière». La déception était vive au sein de la Nation huronne-wendat de Wendake, mardi, a exprimé le Grand Chef, Rémy Vincent, qui avait l’air sombre quand il a rencontré les médias, en fin de journée.

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
11 hectares
Comme le révélait mardi matin Le Journal, la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a annoncé en fin de journée qu’Ottawa cédait les terrains excédentaires de 11 hectares de l’ancien quartier militaire situé derrière les centres commerciaux de Sainte-Foy à la Nation huronne-wendat dans une proportion de 80%. Les 20% restants vont à trois communautés innues, soit la Nation Pekuakamiulnuatsh (Mashteuiatsh) et les Premières Nations de Pessamit et d’Essipit.
C’est donc 20% du territoire qu’ils convoitaient dont les Hurons-Wendat vont devoir se passer. Ils avaient planifié de partager cette portion du territoire avec l’ensemble des Premières Nations qui fréquentent la région afin de leur permettre d’intégrer des projets. Ce partage ne pourra pas avoir lieu. «La place des autres Premières Nations, c'est le plus grand sacrifice que je trouve qui est difficile à faire», a exprimé M. Vincent.
Marchand déçu
À côté du Grand Chef, le maire de Québec, Bruno Marchand, dénonçait aussi cette décision. C’est une déception que de «revenir à la case de départ» après des années de préparation. La Ville et les Hurons-Wendat avaient en effet développé un projet de bâtiments de six étages donnant sur Hochelaga, avec du commercial au rez-de-chaussée et 1200 logements. «On vient de perdre un temps énorme alors qu'il y a des besoins énormes, notamment en logement, notamment en logement social», déplore M. Marchand. Rémy Vincent ajoute que 1000 familles de sa Nation sont en attente d’un logement sur un territoire possédé par la Communauté.

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
M. Vincent entrevoit une collaboration difficile avec les Innus, avec lesquels les Hurons-Wendat ne sont pas en bons termes, particulièrement ceux de Mashteuiatsh. Le maire s’inquiète quant à lui de l’absence d’harmonie dans la trame architecturale.
«C'est assez difficile aujourd'hui de se faire rentrer dans la gorge qu'on va faire du partenariat ou du développement avec quelqu'un qui ne veut pas nous parler, à qui on a tendu la main à plusieurs reprises, qui nous a confirmé par lettre qu'il ne voulait pas participer dans notre projet», a laissé tomber M. Vincent.
Duclos positif
Du côté du ministre fédéral Jean-Yves Duclos, son porte-parole, Guillaume Bertrand, a réagi en parlant d’«une étape importante». «On est parti de loin dans ce dossier. On arrive à une décision qui va être bonne pour le développement économique de la région et également dans notre réconciliation avec les Nations autochtones.»
Déjà, une portion d'un hectare de ces terres avait été cédé au ministère de l'Éducation pour la construction d'une nouvelle école secondaire anglophone. Des bandes de terrain ont aussi été cédées à la Ville de Québec pour l'élargissement d'Hochelaga.
Le prix demandé par le fédéral pour les terrains n'a pas été dévoilé. Le Grand Chef Rémy Vincent l'ignorait, mardi.