Le conseil d’administration de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) devrait être «complètement indépendant» pour éviter que la ligue place la rentabilité de ses activités avant la sécurité des joueurs.
C’est ce qu’a conclu la Commission de la culture et de l’éducation à la suite de ses travaux sur les révélations de violence lors d’initiations dans le milieu du hockey junior.
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Le rapport de la commission recommande que le C.A. de la LHJMQ ne soit pas composé par «une majorité de propriétaires, ni de membres du personnel des équipes», et qu’il comprenne un «meilleur ratio de femmes et de minorités culturelles».
«On veut casser le moule du ‘’boys club’’», a expliqué le député de Québec solidaire Vincent Marissal lors de la présentation du rapport au parlement, mardi après-midi.
À l’heure actuelle, le C.A. de la LHJMQ est formé par les propriétaires des 18 équipes du circuit. Pour M. Marissal, il s’agit d’un problème puisque les intérêts des propriétaires sont «intimement liés à l’opération commerciale» de la ligue, ce qui risque de les motiver à cacher de l’information dans certaines circonstances.
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Pas juste le hockey
Les recommandations de la commission visent «l’ensemble des fédérations sportives», a insisté la députée caquiste Suzanne Tremblay.
De fait, le rapport reconnait que «tous les sports sont touchés par des cas de violence ou d’abus». Il s’attarde néanmoins plus particulièrement sur le cas du hockey, et 10 des 23 recommandations de la commission visent directement la LHJMQ.
Le rapport explique qu’il existe un «consensus sur la présence d’une culture qui favorise les débordements» lors des activités d’initiations dans le milieu du hockey. «Cette culture se caractérise notamment par une relation inégalitaire entre les recrues et les vétérans, de même que par la survalorisation de la victoire», peut-on lire.
«Est-ce qu’on est obligé de violer les lois ou ses coéquipiers pour gagner?» a ironisé Vincent Marissal, en réponse à la question d’un journaliste qui lui demandait si ce genre d’affirmation s’attaquait à l’essence du hockey.
Définition claire
Par ailleurs, même si les initiations sont déjà proscrites depuis plusieurs années dans la LHJMQ, les auteurs du rapport jugent que cette interdiction est insuffisante, puisque les gestes qui sont interdits ne sont pas définis assez clairement.
Ils proposent donc que toutes les fédérations sportives se dotent d’une «politique sur le bizutage», laquelle interdirait explicitement 19 pratiques, dont la participation à un acte sexuel, la privation de sommeil, de nourriture ou d’hygiène, et la participation à un concours de calage d’alcool.
Le député libéral Enrico Ciccone, lui-même un ancien joueur de hockey, a souligné que ce rapport ne doit pas être vu comme une punition, mais comme des suggestions pour protéger les jeunes athlètes. Il a néanmoins tenu à souligner que les parlementaires n’hésiteront pas à convoquer en commission les dirigeants d’une ligue qui contreviendrait à ces recommandations.
«Personne n’aime ça se retrouver devant une commission (...). Si c’était juste de nous, personnellement, je les ferais venir pendant les trois prochaines années le temps qu’on est là», a-t-il lancé.
«Mais moi je suis un peu plus raide, a-t-il ajouté aussitôt. Mes collègues peuvent en témoigner.»
Quelques recommandations de la Commission de la culture et de l’éducation
- Que la LHJMQ mette en place un véritable code de vie qui régule l’entièreté de la vie sportive des joueurs pour la prochaine saison et s’assure de son respect et de sa mise à jour régulière.
- Que la LHJMQ se dote d’un mécanisme indépendant et externe de traitement des plaintes comprenant des possibilités de sanctions et qu’un arrimage soit assuré avec le mécanisme québécois « je porte plainte » pour éviter les ambiguïtés
- Que le gouvernement évalue la possibilité de mettre en place un programme de prévention primaire et que des sommes soient prévues afin d’offrir de tels programmes aux élèves-athlètes.
- Que l’Officier des plaintes de la protection de l’intégrité dans le sport puisse recevoir des plaintes reliées à des faits allégués qui se seraient passés antérieurement à 120 jours.