La Chambre des communes demande officiellement au rapporteur spécial David Johnston de se retirer de ses fonctions et de laisser à la voie à quelqu’un d’autre qui serait choisi par une majorité d’élus, tous partis confondus. M. Johnston a promptement refusé de quitter.
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Une fois n’est pas coutume. Les conservateurs et les bloquistes se sont unis aux néodémocrates, qui étaient à l’origine de cette motion pour «retirer» de ses fonctions l’ancien gouverneur général. Les libéraux, eux, ont voté en bloc contre, mais n’ont pas été assez pour la défaire.
Rapide sur la gâchette, M. Johnston a fait parvenir une déclaration aux journalistes une heure après le vote pour se défendre.
«Je respecte profondément le droit de la Chambre des communes d'exprimer son opinion sur mon travail à venir, mais mon mandat émane du gouvernement. J'ai le devoir de poursuivre ce travail jusqu'à la fin de mon mandat», a-t-il écrit.
M. Johnston a assuré qu’il a accepté le poste «en pleine connaissance du fait que le travail qui m'attendait ne serait ni simple ni sans controverse» et a rappelé qu’il a identifié «de graves lacunes dans la manière dont les renseignements sont communiqués et traités par les agences de sécurité au gouvernement».
«Cela dit, comme je l'ai indiqué, il reste encore beaucoup à faire et un processus public supplémentaire est nécessaire pour identifier les réformes spécifiques qui sont nécessaires pour préserver l'intégrité de nos institutions démocratiques.»
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L’issue du vote était connue d’avance et il est peu probable que cela ne fasse changer d’avis Justin Trudeau, qui continue à tenir tête malgré le branle-bas de combat à la période de questions qui a précédé le vote.
Le choix de David Johnston comme rapporteur spécial était contesté depuis le début en raison de liens historiques avec la famille Trudeau et de sa longue relation avec Pékin.
L’opposition à sa nomination a décuplé depuis la semaine dernière lorsqu’il a tranché contre la tenue d’une enquête publique pour faire la lumière sur l’ingérence de la Chine dans les affaires canadiennes.
Plus tôt en journée, M. Trudeau a accusé les chefs du Parti conservateur et du Bloc québécois de rendre «la situation extrêmement toxique» en réclamant le départ du rapporteur spécial David Johnston, qu’ils accusent en retour de travailler «pour» les libéraux.
«Il y a un désir de ne pas prendre l’enjeu de l’ingérence étrangère au sérieux, ce qui est évident par le fait qu’ils ne veulent même pas se faire donner les renseignements [...]. Ils choisissent à la place de faire des attaques personnelles», a-t-il déclaré mercredi matin.
Les libéraux se retrouvent donc isolés dans ce dossier pour une rare fois depuis l’annonce de l’alliance avec le NPD l’année dernière.
Jagmeet Singh, chef du NPD, n’a pas voulu faire de la motion un vote de confiance pour menacer le gouvernement de déclencher les élections, étant donné que la confiance en ces élections est déjà ébranlée, soutenait-il mardi.