Malgré les séquelles psychologiques issues de son passé militaire, Martin Lévesque n’était pas perturbé au point d’en oublier ce qui est bon ou mauvais lorsqu’il a tué sa voisine Patricia Sirois, selon le psychiatre du poursuivant.
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Appelé à la barre des témoins au procès de Lévesque, mercredi, le psychiatre a d’emblée reconnu qu’il est «indéniable» que l’accusé souffre d’un état de stress post-traumatique.
Mais contrairement aux prétentions de l’expert de la défense, il est pour lui «fort improbable» que le retraité de l’armée fût atteint d’un trouble délirant lors des faits.
Ni son psychiatre traitant, ni sa psychologue qui le suivent depuis 2017 n’ont envisagé ce diagnostic dans leurs notes, a soulevé le psychiatre.
Sa conduite et ses relations avec le personnel et les détenus à la suite de son incarcération ne vont pas dans ce sens non plus, a-t-il émis.
Hypervigilance
«Lors des événements délictuels, nous sommes d’avis que l’état mental de monsieur Lévesque n’était pas suffisamment perturbé par une psychopathie majeure pour l’empêcher de comprendre la nature des gestes qu’il a commis ou pour en apprécier la qualité, à savoir s’ils étaient bons ou mauvais», conclut le Dr Faucher dans son rapport.

Dominique Lelièvre
Sylvain Faucher, expert en psychiatrie et Me Matthieu Rochette, avocat de la Couronne, le 30 mai 2023.
Le comportement de Lévesque avant les faits témoigne d’une «certaine hypervigilance» qui peut s’expliquer par l’insécurité qu’il ressentait à la suite de quatre méfaits survenus sur sa propriété dans l’année précédente, a affirmé le psychiatre.
Visiblement, le quinquagénaire avait peur d’être victime d’une invasion dans son domicile après des tentatives de vol et un incendie survenus sur sa propriété, ce qui pourrait expliquer les armes chargées retrouvées, a-t-il avancé.
Ceci le conduira à mettre en place des mesures de protection, comme ajouter des lumières ou bonifier son système de sécurité, qui ne dépassent pas ce qu’une personne raisonnable aurait fait, a soulevé le spécialiste.
Toutefois, son désir de trouver l’auteur des méfaits l’aurait amené à mener sa propre enquête et à «inspecter» avec sa conjointe les véhicules qui passaient devant chez lui, le jour du drame.
Conscient de son environnement
Malgré tout, ses propos le soir fatidique et les observations de témoins qu’il a rencontrés avant le drame «démontrent qu’il percevait bien son environnement», indique le rapport du psychiatre.
Par ailleurs, une amnésie qui comme celle qui semble priver l’accusé de ses souvenirs des événements «n’empêche pas un individu d’être capable de comprendre ce qu’il fait», a affirmé le psychiatre.
Accusé de meurtre au deuxième degré, Lévesque reconnaît avoir enlevé la vie de sa voisine, le 10 septembre 2021 à Saint-Raymond, mais plaide la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
La victime a été abattue en présence de ses enfants alors qu’elle circulait à véhicule devant la résidence de Lévesque et sa conjointe.