La Ville de Montréal devrait lancer un programme de subventions pour encourager de nouveaux commerçants à venir s’établir dans les locaux vacants de plusieurs artères commerciales, juge l’opposition officielle.
«Ce n’est pas un moment facile pour les commerçants, quand on voit la pénurie de main-d’œuvre, la crise de l’inflation et l’endettement qui continue suite à la pandémie», a expliqué jeudi Julien-Hénault Ratelle, porte-parole de l'opposition en matière de développement économique.
Cette situation conduit certains commerçants à abandonner leurs locaux, qui ne trouvent pas nécessairement preneurs.
Pour y mettre fin, l’élu d’Ensemble Montréal propose la création d’une subvention pour attirer de nouveaux commerces situés sur le territoire d’une société de développement commercial (SDC). Elle pourrait être élargie à d’autres artères commerciales par la suite.
Ce programme devrait coûter au maximum 34 millions $ sur trois ans à la Ville, a estimé l’opposition.
Adapter selon les difficultés
M. Hénault-Ratelle souhaite aussi que la Ville offre une modulation des montants en fonction du taux de vacance, du coût des loyers ou du contexte social. En effet, certaines SDC souffrent plus que d’autres du nombre de locaux vacants.
Par exemple, la SDC d’Hochelaga compte 28,1% de vacance commerciale sur la rue Sainte-Catherine, selon des données ouvertes de la Ville datant de novembre 2022. Du côté de la SDC du Village, le taux est de 26,5%.
Au total, près de 15,1% des 7800 établissements commerciaux sont vacants dans la métropole.
«Les cotisations [pour les SDC] dépendent des locaux qui sont occupés», a rappelé le conseiller. «Donc s’il y a plus de locaux commerciaux qui sont occupés, c’est sûr que le financement des SDC augmente.»
L’administration Plante est consciente de cette problématique. Parmi ses engagements électoraux en 2021, Projet Montréal promettait de trouver un moyen pour que les propriétaires de locaux vacants contribuent financièrement aux SDC.
Un coup de pouce pour le centre-ville
M. Hénault-Ratelle se dit particulièrement préoccupé par la situation au centre-ville de la métropole.
«Le centre-ville qui en arrache particulièrement depuis la pandémie, non seulement au niveau des commerces, mais aussi des tours de bureaux», a-t-il souligné.
Pour occuper les locaux vacants, l’arrondissement de Ville-Marie offre ces espaces à des organismes à but non lucratif.
Une piste de solution «intéressante», mais qui est souvent une «mesure transitoire», selon l’élu de l’opposition.
La motion de l’opposition sera déposée lors du prochain conseil municipal, le 12 juin prochain.
De son côté, l’administration Plante a assuré être «très sensible à l’enjeu des locaux vacants sur nos artères commerciales» et trouve l’idée de l’opposition «intéressante».
«Nous sommes pleinement engagés dans la mise en place d’une variété d’incitatifs, notamment financiers, visant à soutenir nos commerçants et à réduire le taux d’inoccupation», a indiqué Robert Beaudry, responsable de l’urbanisme au comité exécutif de la Ville.
L’élu a notamment cité le programme de subvention PRAM ou encore le montant de 4 millions $ alloué aux projets de piétonnisation.