/regional/quebec/quebec

Démolition «sauvage» dans le Vieux-Québec: une décision «injustifiée et précipitée», clame le propriétaire

Le propriétaire de la maison rasée d'urgence par la Ville dans le Vieux-Québec se dit «catastrophé» de la perte de son édifice qui a fait l'objet d'une «démolition sauvage» ; il affirme que la décision des autorités était «injustifiée et précipitée».  

• À lire aussi: Marchand manque de volonté politique pour préserver le patrimoine, accuse l’opposition

• À lire aussi: Bâtiment démoli dans le Vieux-Québec: le propriétaire en deuil, les voisins en furie

• À lire aussi: Une bâtisse du Vieux-Québec menace de s'effondrer et pourrait être démolie

«En quelques heures, j’ai été dépossédé de ma propriété, qui a été rasée», a affirmé le propriétaire du 45, avenue Sainte-Geneviève, Jean-François Barré. «On ne m’a pas expliqué le danger, on ne m’a pas parlé de travaux d’urgence, on ne m’a pas parlé d’autres scénarios. Pour l’heure, je ne peux que conclure que cette décision était injustifiée et assurément précipitée. Je n’ai jamais souhaité démolir cet immeuble, comme certains l’ont prétendu. Je demeure profondément bouleversé par cette décision brutale et cette démolition sauvage.»

M. Barré, qui est aussi propriétaire du Pub St-Alexandre et du Pub Chez Murphy’s, dans le Vieux-Québec, s’est exprimé par l’entremise d’une lettre, d’abord publiée dans Le Soleil, et dont Le Journal a obtenu copie. Le propriétaire a indiqué au Journal qu’il ne ferait pas d’autres commentaires que ceux qui se trouvent dans sa missive.

«Plus un mot à dire»

Jean-François Barré a expliqué le déroulement des événements, survenus le 19 mai et qui ont résulté en la démolition de la maison patrimoniale. «Au nom de la sécurité publique, je n’avais plus un mot à dire. J’étais catastrophé», exprime-t-il.

Le 19 mai, il dit avoir visité son immeuble et avoir constaté un «léger gonflement, un « ventre-de-bœuf », en façade. Il a appelé son ingénieur et a visité le bureau d’arrondissement de la Ville en prévention, pour obtenir un permis, «au cas où des travaux devraient, après inspection, être effectués rapidement. J’ai aussi demandé s’il était possible de faire installer des clôtures en façade de l’immeuble par mesure de prudence.»

Selon ses dires, après une première visite d’une équipe de pompiers et d’un ingénieur de la Ville, et après que ce dernier eut sollicité une rencontre pour le mardi suivant avant de quitter les lieux, une deuxième équipe du service incendie est arrivée. L’officier, «alarmé», a fait revenir l’ingénieur sur place.

Définitif

«Ensemble, ils ont alors eu une discussion d’une dizaine de minutes à laquelle ils ont refusé que je participe ou que j’assiste. Puis, à 19h40, on m’annonce que l’immeuble allait être détruit sur-le-champ et que la décision était définitive», relate M. Barré.

Le propriétaire se dit peiné de cette perte. Il affirme que sa famille et lui ont un souci particulier de la préservation du patrimoine de l’arrondissement historique. L’immeuble devait être rénové et M. Barré comptait habiter un des appartements. La pandémie et la hausse des coûts de construction ont ralenti son projet, soutient-il.

«D’ici à ce que la lumière soit faite sur cette affaire, vous comprendrez que je ne ferai aucun autre commentaire», conclut-il.

Le chef de l'opposition officielle, Claude Villeneuve, estime à la lecture de cette lettre que les apparences laissent à penser qu'il y a eu précipitation dans ce dossier. Sur le terrain, «les expertises divergeaient» et le ministère de la Culture n'a pas été avisé, note-t-il. «Pourquoi cette décision a été prise si rapidement?» Il demande une clarification par la Ville. De son côté, le cabinet du maire Bruno Marchand n'a pas voulu commenter.

Questionné sur les affirmations faites par M. Barré, le Service incendie de la Ville de Québec a indiqué qu’«étant donné le processus judiciaire [il ne donnera] aucun commentaire jusqu’à nouvel ordre».

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.