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L'Université de Montréal espérait d'autres dons des millionnaires chinois

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L'Université de Montréal voulait dérouler le tapis rouge aux deux riches hommes d’affaires chinois qui voulaient lui verser 800 000$, puisque ces derniers lui auraient promis d'autres dons à venir.

Photo d'archives, Agence QMI

L'Université de Montréal voulait dérouler le tapis rouge aux deux riches hommes d’affaires chinois qui voulaient lui verser 800 000$, puisque ces derniers lui auraient promis d'autres dons à venir.

L'Université de Montréal voulait dérouler le tapis rouge aux deux riches hommes d’affaires chinois qui lui avaient promis 800 000$, car elle espérait d'autres dons à venir, révèle un courriel d'un haut dirigeant de l'institution en 2016. 

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«Il s’agit donc d’un événement très stratégique, car le donateur prévoit faire d’autres dons à l’UdeM», écrit Guy Lefebvre, alors vice-recteur aux affaires internationales de l’Université de Montréal (UdeM), à ses collègues le 26 février 2016. 

À cette époque, M. Lefebvre préparait la cérémonie de signature du don de 800 000$ de Niu Gensheng et Zhang Bin, prévue à l’été 2016. Un autre montant de 200 000$ était destiné à la Fondation Pierre Elliott Trudeau. Or, ces dons auraient été téléguidés par le gouvernement chinois, selon le Service canadien du renseignement de sécurité, rapportait The Globe and Mail en février.

Trudeau

Université de Montréal

«Nos deux amis»

Plusieurs documents que nous avons obtenus par une demande d’accès à l’information montrent à quel point il était important pour certains membres de l’administration de l’UdeM de plaire aux donateurs chinois. 

Il faudra donner «toute la visibilité possible au donateur», écrivait à l’automne 2015 Gil Desautels, directeur général du Bureau de développement de l’UdeM, alors que le don était toujours au stade des négociations. 

«Alexandre Trudeau sera présent au début pour bien montrer que toutes les parties sont heureuses. Très important pour les Chinois [sic]...», affirmait aussi le vice-recteur Guy Lefebvre dans un message à la même époque, comme nous le rapportions hier. 

Dans un autre courriel, le doyen à la Faculté de droit de l’UdeM, Jean-François Gaudreault-Desbiens, se préoccupe même des impacts fiscaux du don pour les deux hommes d’affaires. 

«Aussi, le donateur va-t-il verser les fonds de Chine ou d’un compte canadien [puisqu’il est en affaires ici aussi]? Si les fonds proviennent du Canada, veut-il faire un premier versement en 2015, histoire de bénéficier d’un reçu d’impôt?», écrit-il à Guy Lefebvre. 

Le vice-recteur Guy Lefebvre lui-même semble plutôt proche des donateurs. Dans un courriel qui est daté d’octobre 2015 et destiné à son collègue Jie Jao, lequel est à la fois professeur à l’Université de Montréal ainsi qu’à la China University of Political Science and Law, il fait part des modalités de la convention de don et lui écrit: «Merci de finaliser le tout avec nos deux amis.»

Guy Lefebvre

Photo tirée du site de l’Université de Montréal

Il évoque aussi, durant la même période, une rencontre avec l’un des deux donateurs chinois pour «discuter amitiés». 

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Il met fin à l’entente en Chine

L’entente de don aurait pris fin lors d’une visite de Guy Lefebvre en Chine, où il a partagé un repas avec Zhang Bin, selon un courriel envoyé au doyen de la Faculté de droit de l’UdeM en décembre 2018. 

«Comme il y a des commentaires négatifs dans l’opinion publique concernant le don de M. Zhang Bin, le vice-recteur Guy a offert de suspendre le don. Conformément aux instructions de M. Zhang, mon collègue comptable a suspendu la donation», y relate en anglais l’adjoint de M. Zhang, Jin Peng. 

L’UdeM, tout comme la Fondation Trudeau, n’a pas récolté l’entièreté du don promis et n’a reçu, finalement, que 550 000$ sur les 800 000$ prévus initialement. Le 19 avril dernier, l’université a annoncé qu’elle avait décidé de conserver le don, contrairement à la Fondation Trudeau, qui a choisi de le rembourser. 

«Le don reçu en 2016 n’était pas inusité. Si l’on se reporte à l’époque, les universités, les entreprises et les gouvernements multipliaient les ententes et les missions avec la Chine [...]. Le regard qu’on porte aujourd’hui sur certains de ces projets est manifestement différent et, si l’Université de Montréal a été flouée dans la conclusion de l’entente de don, une hypothèse qui demeure encore invérifiable, c’est bien malgré elle», avait indiqué par voie de communiqué le recteur actuel de l’UdeM, Daniel Jutras.

 

– Avec la collaboration d’Yves Lévesque

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