Des enseignants qui ne possèdent qu’un diplôme d’études secondaires dans les écoles du Québec, ce n’est pas l’idéal, mais c’est mieux que des classes sans prof, plaide le ministre Bernard Drainville.
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«La raison pour laquelle on se retrouve dans cette situation-là, c’est qu’on est en situation de pénurie. Ce n’est pas le premier choix bien entendu, mais si le choix c’est entre une personne qui n’est pas légalement qualifiée et pas de personne du tout... c’est ça le dilemme devant lequel nous sommes placés présentement», a soutenu jeudi le ministre de l’Éducation.
Le gouvernement estime désormais qu’un simple diplôme de 5e secondaire accompagné d’une preuve que des études collégiales sont entamées est acceptable pour obtenir une tolérance d’engagement, qui permet d’enseigner aux élèves québécois, a révélé notre Bureau parlementaire.
Au moins trois profs non légalement qualifiés ne détenant qu’un DES se sont vu confier une classe l’an dernier dans le réseau public, révèle une demande d’accès à l’information. Pas moins de 541 enseignants n’avaient en poche qu’un diplôme d’études collégiales.
«On ne souhaite pas ça»
Comme père de famille, le ministre Drainville convient que ce n’est pas la situation idéale. «On ne souhaite pas ça évidemment» pour ses enfants, a-t-il convenu. Mais il assure travailler fort à qualifier les profs qui ne le sont pas avec une nouvelle voie rapide de 30 crédits universitaires pour les gens qui détiennent déjà un baccalauréat.
Plusieurs autres mesures ont été mises en place pour valoriser la profession, a-t-il insisté. Les aides à la classe et des enseignants retraités sont aussi appelés à la rescousse.
«Il faut attirer de nouvelles personnes dans la profession, il faut garder ceux et celles qui ont le droit à la retraite, il faut en ramener également [...] On cherche par tous les moyens à garder ceux et celles que nous avons et attirer de nouveaux enseignants.»
Problème éthique
Psychologue et professeur titulaire en adaptation scolaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, Égide Royer juge qu’un diplômé de 5e secondaire qui enseigne à des jeunes n’est pas une situation acceptable, mais se console qu’ils soient encore peu nombreux. Le gouvernement doit toutefois veiller à ce que des profs aussi peu formés n’héritent pas d’écoliers du début du primaire.
«J’aurais un problème énorme d’éthique, compte tenu des exigences et de l’importance de la première et de la deuxième année, de mettre quelqu’un qui a un 5e secondaire comme enseignant de la lecture», a-t-il dit.