Le recours à des profs n’ayant qu’un diplôme d’études secondaires en poche pour enseigner dans les écoles date de l’ère libérale, plaide le ministre Bernard Drainville, qui continue néanmoins de préférer cette voie à l’absence d’enseignants dans les classes.
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«Ce n’est pas notre premier choix. Mais ultimement, qu’est-ce qu’il faut? Il faut avoir un adulte dans la classe!» a argué vendredi Bernard Drainvillle, rappelant la pénurie de main-d’œuvre criante dans le réseau.
Sous le feu des critiques, le ministre de l’Éducation a dû défendre à nouveau vendredi la présence d’enseignants non légalement qualifiés ne possédant qu’un diplôme de cinquième secondaire dans les écoles du Québec.
Bernard Drainville a toutefois précisé, document en main, que cette règle a été adoptée par le précédent gouvernement libéral. Le document en question, daté de novembre 2018, «a été approuvé en septembre», c’est-à-dire avant l’arrivée de la CAQ au gouvernement, a précisé son attachée de presse.
François Legault a une fois de plus défendu son ministre de l’Éducation. Le gouvernement pose actuellement les gestes nécessaires pour «qu’éventuellement», le réseau ait tout le personnel de qualité dont il a besoin, a-t-il assuré.
«Est-ce qu’il y avait, en 2017-2018, des enseignants qui [avaient] un diplôme du secondaire? La réponse, c’est oui. Est-ce qu’il y avait, en 2017-2018, des enseignants qui avaient juste un diplôme d’études collégiales? La réponse, c’est oui. Ça prend quatre ans, faire un bac en éducation. On a mis en place un incitatif de 20 000$ pour les étudiants. On a augmenté le salaire de 14% à 18%. Mais on ne peut pas régler 15 années de problèmes libéraux avec un coup de baguette magique!» a tonné le premier ministre.
Avoir 18 ans suffit
La députée libérale Marwah Rizqy estime tout de même qu’un DES, ce n’est pas suffisant pour enseigner aux petits Québécois. Elle souligne que le nombre d’enseignants non légalement qualifiés a quadruplé sous le règne caquiste.
«Parents du Québec, soyez avisés, avec le gouvernement Legault, l’important, ce n’est pas le diplôme d’un baccalauréat en éducation ou même d’avoir la maîtrise qualifiante, c’est d’avoir 18 ans pour enseigner dans nos classes. Peut-être qu’avec la CAQ, maintenant, l’école, c’est rendu une garderie!» a soutenu la députée de Saint-Laurent.
Les partis d’opposition jugent d’ailleurs que la réforme Drainville en éducation ne réglera pas les véritables problèmes du réseau scolaire. «Brasser des structures» ne se soldera pas par davantage de services aux élèves, selon eux. «Est-ce qu’il peut reconnaître, au moins l’avouer, que son projet de réforme en éducation ne ramènera pas un seul prof dans aucune classe au Québec?» a raillé le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.