Le Centre des congrès de Québec, le Palais des congrès de Montréal et le Parc olympique devront dorénavant s’assurer que les événements qu’ils accueillent respectent les « principes fondamentaux du Québec », a annoncé le gouvernement Legault, après avoir forcé l’annulation d’un rassemblement antiavortement.
La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a confirmé vendredi matin que son cabinet est intervenu auprès du Centre des congrès de Québec afin qu’un événement organisé par un promoteur pro-vie soit annulé. Cette décision a été appuyée de façon unanime par les trois partis d’opposition.
Le « Rallye foi, feu, liberté », orchestré par Harvest Ministries International, une organisation basée à Kelowna, en Colombie-Britannique, devait rassembler 1000 personnes par jour dans les locaux de la société d'État, a révélé Radio-Canada, vendredi.
Le site Internet du promoteur mène notamment à la page du « pare-feu canadien », une initiative qui dénonce en toutes lettres la légalisation de l’avortement au Canada, en 1969.

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« Nous devons prier pour le caractère sacré de la vie, et pour que l'avortement cesse au Canada », peut-on lire, entre autres.
« Dès qu'on a été informés de la situation, j'ai demandé qu'on tire la plug », a résumé la ministre Proulx, devant la presse parlementaire.
« On n'ira pas permettre à des groupes antiavortement de pouvoir faire des grands spectacles dans des organismes publics », a signalé de son côté le premier ministre du Québec.
« On est un gouvernement résolument pro-choix. Alors il faut être conséquent. Je remercie Caroline d'ailleurs pour sa vigilance là-dessus et aussi sur sa promptitude à agir », a commenté à son tour la ministre responsable de la Condition féminine, Martine Biron.
Une perte de 60 000 $
L’annulation de cet événement entraine une perte d’environ 60 000 $ pour le Centre des congrès de Québec, a indiqué la ministre Proulx.
Son cabinet en a profité pour envoyer un message à son président-directeur général, de même qu’à ceux des deux autres sociétés d’État que sont le Palais des congrès de Montréal et du Parc olympique.
« Parce que c'est contre les principes fondamentaux du Québec, [...] ce type d'événement-là n'aura pas lieu chez nous, a signalé Mme Proulx. Et j'ai avisé le PDG (du Centre des congrès de Québec) ce matin qu'il n'y aura pas d'accompagnement de l'entreprise qui doit se relocaliser. Elle devra le faire toute seule. »
Quels « principes » exactement les trois sociétés d’État devront-elles surveiller? « Les principes fondamentaux de l’État, je pense que c'est clair », a précisé la ministre Proulx, sans étayer davantage sa directive.
La laïcité de l’État fait-elle partie de ces « grands principes »? « J’ai donné pendant la campagne électorale là-dessus », s'est limité à dire le premier ministre, lorsque questionné sur ce point.
Pas une première
Rejoint par notre Bureau parlementaire, le PDG du Centre des congrès de Québec, Pierre-Michel Bouchard, n’a pas voulu reconnaitre s'il avait commis une « erreur » en accueillant cet événement, comme l’a déclaré la ministre Proulx, vendredi.

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Le PDG du Centre des congrès de Québec, P.-Michel Bouchard.
« Quand on signe avec une organisation, le programme de l'événement n'est pas là », a expliqué M. Bouchard. Dans ce cas-ci, l’entente avait été signée en février dernier.
Ce n’est pas la première fois que le Centre des congrès de Québec annule la tenue d’un événement, a-t-il observé, en donnant l’exemple d’un promoteur « qui semblait faire la promotion du cannabis » et d’un autre « qui faisait tout en anglais », en refusant de traduire son matériel en français.

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Le Centre des congrès de Québec, sur le boulevard René-Lévesque E.