Si vous appelez la ligne 311 de la Ville de Montréal pour connaître l'horaire des collectes, ou pour signaler un nid-de-poule, préparez-vous à une nouvelle expérience. En vertu de la loi 96, un long message enregistré vous offre le service en anglais à condition d'affirmer de bonne foi que vous y avez droit.
Il en va de même pour le site web. La Ville de Montréal a ajouté des bandeaux d’information à son site web expliquant qui a le droit de consulter le site en anglais.
«Il faut certifier qu'on est un anglophone historique ou qu'on a un autre droit et pour accéder aux informations en anglais», explique Me Julius Grey, avocat. «C'est ridicule.»
Une mesure qui s'attire déjà des critiques et des moqueries.
«À Montréal, on "switch" d'une langue à l'autre, et c'est ce qui fait son charme», dit une dame rencontrée par notre journaliste Véronique Lauzon.
- Écoutez l'édito de Yasmine Abdelfadel diffusé chaque jour en direct 14 h 30 via QUB radio :
«Je trouve qu'on sépare les Québécois», lâche un autre. «Le gouvernement regarde quelle langue on parle à la maison pour déterminer que la langue française est en déclin et j’en suis très déçu.»
Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, est tout à fait à l'aise avec le fait que les citoyens attestent de bonne foi .
«On va s'améliorer dans nos processus, mais on va conserver cette direction, qui est importante», explique-t-il.
La Ville de Côte-Saint-Luc se targue sur son site web d'être une municipalité bilingue avec en majorité une population de langue anglaise. Elle a elle aussi changé son message vocal. On peut maintenant y entendre que pour poursuivre en anglais, il faut appuyer sur le «2» et qu'on n'a pas besoin de «montrer son bulletin scolaire de 3e année pour y accéder».
«On doit rire un peu!» dit Mitchell Brownstein, maire de la Ville de Côte-Saint-Luc. «On parle toujours de choses sérieuses, mais ici, je pense que c'est un peu bizarre d'avoir un règlement ou on doit donner une attestation qu'on a le droit d'avoir des services en anglais.»
Plusieurs citoyens et organisations se tournent vers les tribunaux pour contester la loi 96.