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«J'ai l’esprit ouvert»: tout est sur la table pour le nouveau PDG d'Hydro-Québec Michael Sabia

Petites centrales nucléaires, tarifs d’électricité modulés en fonction de l’heure de la journée, apport du privé, partenariat avec les Américains... Michael Sabia a « l’esprit ouvert » et entend faire tout ce qu’il faut pour relever le grand défi de la transition énergétique du Québec.

En entrevue avec Mario Dumont, Michael Sabia a été clair d’entrée de jeu : les années d’énergie abondante sont terminées, et il faudra utiliser cet actif précieux qu’est l’énergie verte avec soin et prudence. Ce qui implique de penser sérieusement à quel prix Hydro-Québec devra la facturer aux ménages et aux entreprises.

M. Sabia, qui entrera en fonction le 1er août prochain, dit avoir accepté ce poste «avec humilité», mais n’entend pas jouer les exécutants avec Québec et le ministre Pierre Fitzgibbon. «C’est un plaisir de travailler avec lui. Avec mon expérience, je sais comment travailler avec les gouvernements», a-t-il dit à Mario Dumont. 

Mais M. Sabia a tenu à mettre cartes sur table: «Les commandes, ce n’est pas la meilleure façon de travailler avec moi. Nous allons échanger et travailler en partenariat, oui, mais les commandes, non», a-t-il dit.

Plusieurs thèmes ont été abordés lors de l’entrevue. Michael Sabia a également répondu aux questions de Paul Arcand du 98,5 FM vendredi matin. Voici un résumé des questions et réponses du nouveau PDG:

Votre manque d’expérience dans les questions énergétiques est-il un problème?

«J’ai accepté ce poste avec humilité. Les gens d’Hydro-Québec sont très compétents. Le rôle du PDG, c’est de suivre les grandes tendances dans le monde et d’apporter un esprit d’innovation, un regard neuf. Mon rôle sera aussi de développer le talent et de mobiliser les équipes.» 

Que pensez-vous de la tarification variable pour inciter les Québécois à mieux consommer l’électricité?

«Il faut regarder toutes sortes d’éléments de gestion du prix, afin d’être plus efficient en consommation d’énergie. On a une tension entre la demande et l’offre. On veut donc ajuster les comportements des gens et les modifier pour consommer mieux, mais également on veut investir pour augmenter l’offre d’énergie au Québec. Parce que c’est important. L’électricité est un levier de développement économique.»

  • Écoutez la rencontre Latraverse-Dumont avec Emmanuelle Latraverse au micro de Mario Dumont via QUB radio :  

Allez-vous privatiser une partie d’Hydro-Québec?

«Depuis des décennies, le privé a joué un rôle dans la production d’électricité au Québec. Nous devons avoir un esprit ouvert. Privatiser Hydro-Québec? Non. Mais j’aime le concept du partenariat. Pourquoi ne pas essayer de trouver des façons de travailler ensemble pour répondre à ce grand enjeu, qui est un meilleur bilan entre la demande et l’offre d’électricité au Québec?» 

«J’ai l’esprit ouvert, mais je ne cherche pas l’occasion de privatiser des choses ou de changer de façon radicale l’équilibre entre la société d’État et les contributeurs du secteur privé.»

Faut-il de nouveaux barrages?

«Il faut avoir l’esprit ouvert. Et pas seulement avec les barrages. On a des occasions avec les éoliennes, il faut aussi penser au rôle potentiel du nucléaire dans l’avenir (NDLR: comme les petits réacteurs nucléaires que propose l’Ontario), ainsi qu’à nos relations avec nos voisins américains.»

Quelle devrait être notre stratégie d’exportation?

«Nous avons deux gros contrats (NDLR: avec le Massachusetts et New York). Ils sont signés et il faut les respecter. On ne peut pas changer le passé. Mais ces contrats-là sont payants, et les connexions bidirectionnelles des ouvrages représentent des occasions pour le Québec. Il ne faut pas penser uniquement en termes d’exportations. Nous allons peut-être trouver des façons de faire plus efficientes grâce à ces connexions, et augmenter l’offre au Québec.» 

Allez-vous bientôt négocier avec Terre-Neuve pour le dossier Churchill Falls?

«Tout le monde comprend l’importance de Churchill Falls. Je vais suivre ce dossier de près. Mais Churchill Falls ne va pas régler tout seul la question des besoins énergétiques du Québec. Mais oui, c’est une de mes priorités. Ce sont des programmes à long terme et il faut bouger maintenant.»

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Le Journal a tenté d’obtenir une entrevue avec Michael Sabia, mais Hydro-Québec n’a jamais répondu à notre demande. 

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